Six Feet Under - Un dernier épisode sidérant
Je viens de terminer le visionnage de l'intégralité de la série Six Feet Under. Et tout ce qu'on peut dire, c'est que son créateur, Alan Ball, nous avait réservé une sacrée surprise.
En 2001, nous avions tous été soufflés par la première saison : son ambiance glauque, son humour noir l'avaient vite signalée aux aficionados de séries TV.
Mais l'effet de surprise passé, même si le niveau général de la série demeurait excellent, les saisons 2, 3 et 4 n'avaient jamais vraiment atteint les sommets des premiers épisodes. Il manquait peut-être cette petite étincelle que Alan Ball avait allumé et su maintenir durant une qunizaine d'épisodes.
Au départ, la 5ème saison est du même tonneau : toujours du haut de gamme, mais on regrette un peu que le créateur de la série ait apparemment peu à peu lâché les rênes de l'entreprise. Et effectivement, ce n'était qu'une apparence.
Car cette dernière douzaine d'épisodes réserve quelques moments particulièrement forts. Le plus notable est évidemment la mort de Nate. Ce choix scénaristique particulièrement gonflé, trois épisodes avant la fin, décontenance totalement. Et dans l'épisode suivant, qui relate son enterrement, le malaise nous submerge rapidement et ne nous quitte pas tout au long de ses 52 minutes : époustoufflant, hyperréaliste, il annonce la puissance émotionnelle de la toute fin de la série et nous indique implicitement où les auteurs veulent nous entraîner.
Le dernier épisode est écrit et réalisé par Alan Ball, le créateur de la série himself, que l'on ne voyait plus figurer au générique à ces postes stratégiques depuis belle lurette. On aurait dû se douter de quelque chose...
Ce chapitre constitue le climax de cinq années passées avec les Fisher. L'histoire de cette famille qui sort enfin du purgatoire grâce au décès du fils aîné relève évidemment de l'évocation christique, mais le ton général de la série et ses personnages, plus névrosés les uns que les autres, lui confèrent une profondeur dramatique.
Le nouvel ordre qui jaillit après le chaos chez les Fisher fait vraiment plaisir à voir. Mais le meilleur est encore à venir : les 5 dernières minutes de la série sont une merveille télévisuelle absolue. Elle nous rappelle brusquement que le créateur de Six Feet Under, auteur intégral de ce dernier chapitre, est aussi le scénariste du film American Beauty, chef d'oeuvre du cinéma intimiste américain contemporain.
Dans cette séquence finale d'anthologie, la plus jeune de la famille, Claire, s'éloigne de L.A. au volant de sa voiture, sur l'autoroute qui la mènera à New York. Ce voyage vers sa nouvelle vie est entrecoupé d'instants volés au futur des membres de la famille. Que cette plongée dans l'avenir soit réelle, ou bien fantasmée par Claire, peu nous importe. L'émotion jaillit à chaque plan. C'est un feu d'artifice qui jette un court éclairage sur les grands moments à venir et la mort de chacun des personnages principaux. C'est terrible et beau. Ramassées en une poignée de secondes, ce sont la vie et la mort d'une famille pas assez fictive pour ne pas être un peu la nôtre.
Le périple autoroutier de Claire est filmé en accéléré. Ce détail m'évoque une (très courte) nouvelle de Kafka, intitulée Le plus proche village :
Aucun doute possible : Alan Ball nous a offert l'une des plus belles catharsis de l'histoire de la télévision.
En 2001, nous avions tous été soufflés par la première saison : son ambiance glauque, son humour noir l'avaient vite signalée aux aficionados de séries TV.
Mais l'effet de surprise passé, même si le niveau général de la série demeurait excellent, les saisons 2, 3 et 4 n'avaient jamais vraiment atteint les sommets des premiers épisodes. Il manquait peut-être cette petite étincelle que Alan Ball avait allumé et su maintenir durant une qunizaine d'épisodes.
Au départ, la 5ème saison est du même tonneau : toujours du haut de gamme, mais on regrette un peu que le créateur de la série ait apparemment peu à peu lâché les rênes de l'entreprise. Et effectivement, ce n'était qu'une apparence.
Car cette dernière douzaine d'épisodes réserve quelques moments particulièrement forts. Le plus notable est évidemment la mort de Nate. Ce choix scénaristique particulièrement gonflé, trois épisodes avant la fin, décontenance totalement. Et dans l'épisode suivant, qui relate son enterrement, le malaise nous submerge rapidement et ne nous quitte pas tout au long de ses 52 minutes : époustoufflant, hyperréaliste, il annonce la puissance émotionnelle de la toute fin de la série et nous indique implicitement où les auteurs veulent nous entraîner.
Le dernier épisode est écrit et réalisé par Alan Ball, le créateur de la série himself, que l'on ne voyait plus figurer au générique à ces postes stratégiques depuis belle lurette. On aurait dû se douter de quelque chose...
Ce chapitre constitue le climax de cinq années passées avec les Fisher. L'histoire de cette famille qui sort enfin du purgatoire grâce au décès du fils aîné relève évidemment de l'évocation christique, mais le ton général de la série et ses personnages, plus névrosés les uns que les autres, lui confèrent une profondeur dramatique.
Le nouvel ordre qui jaillit après le chaos chez les Fisher fait vraiment plaisir à voir. Mais le meilleur est encore à venir : les 5 dernières minutes de la série sont une merveille télévisuelle absolue. Elle nous rappelle brusquement que le créateur de Six Feet Under, auteur intégral de ce dernier chapitre, est aussi le scénariste du film American Beauty, chef d'oeuvre du cinéma intimiste américain contemporain.
Dans cette séquence finale d'anthologie, la plus jeune de la famille, Claire, s'éloigne de L.A. au volant de sa voiture, sur l'autoroute qui la mènera à New York. Ce voyage vers sa nouvelle vie est entrecoupé d'instants volés au futur des membres de la famille. Que cette plongée dans l'avenir soit réelle, ou bien fantasmée par Claire, peu nous importe. L'émotion jaillit à chaque plan. C'est un feu d'artifice qui jette un court éclairage sur les grands moments à venir et la mort de chacun des personnages principaux. C'est terrible et beau. Ramassées en une poignée de secondes, ce sont la vie et la mort d'une famille pas assez fictive pour ne pas être un peu la nôtre.
Le périple autoroutier de Claire est filmé en accéléré. Ce détail m'évoque une (très courte) nouvelle de Kafka, intitulée Le plus proche village :
Mon grand-père avait coutume de dire : « La vie est étonnamment brève. Dans mon souvenir, elle se ramasse aujourd'hui sur elle-même si serrée que je comprends à peine qu'un jeune homme puisse se décider à partir à cheval pour le plus proche village sans craindre que - tout accident écarté - une existence ordinaire et se déroulant sans heurts ne suffise pas, de bien loin, même pour cette promenade.»
Aucun doute possible : Alan Ball nous a offert l'une des plus belles catharsis de l'histoire de la télévision.
Libellés : drama, série, télévision
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