Renaissance d'un cinéaste surfait

Il faut dire que Allen, dans son rythme effréné de tournage, a enchaîné les daubes : Meurtres mystérieux à Manhattan, Crimes et délits, Alice, Harry dans tous ses états, Broadway Danny Rose, La Rose Pourpre du Caire,...

Toutefois, dernièrement, la critique était unanime pour déclarer que les deux derniers films de Allen étaient complètement différents de ces oeuvres précédentes. Alors, pourquoi ne pas retenter sa chance ? Bien m'en a pris.
Match Point (2005) et Scoop (2006) sont en effet symptomatiques d'un renouveau complet du cinéma de Woody Allen.
Londres n'y est certainement pas étranger. En situant ses films dans la perfide Albion, Allen est contraint de quitter ses atours de chroniqueur de Manhattan. Ses personnages principaux ne sont donc plus des êtres névrosés dans un quotidien sans surprise, mais au contraire des pages blanches plongées dans un univers inconnu.
On trouvera ainsi de nets points communs entre les deux films :
- le hasard à l'oeuvre dans les rues de Londres
- la haute bourgeoisie anglaise,
- le manoir,
- le coup de foudre entre bourgeois anglais et américains fauchés,
- la salle du secret,...


Et ce n'est pas a priori dans le drame qu'il est le plus à son avantage. Allen a en effet traîné son influence bergmannienne durant trente ans sans vraiment convaincre. Au vu de Match Point, on peut affirmer qu'il s'est enfin débarrassé de la statue du Commandeur.
Quoi de plus casse-gueule pour un auteur en fin de carrière qu'un drame de l'adultère ? On sentait venir à grands galops les excès de pathos de Intérieurs ou Hannah et ses soeurs. Sans compter son inévitable train de poncifs.
Et là... miracle. Match Point n'est pas seulement le meilleur film de Woody Allen depuis Annie Hall (en 1977 !). C'est un drame poignant, un suspense psychologique insoutenable, un véritable OVNI dans la filmographie de Allen. Et il faut se pincer pour s'assurer que c'est bien son nom qui figure en tête du générique.
Le choix de l'acteur principal est prodigieux. Avec sa gueule d'ange, il est le vecteur d'un malaise insondable qui va crescendo tout au long du film. Woody Allen nous manipule magnifiquement et ce, sans jamais tricher. Il remporte la partie haut la main et amorce une sacrée remontée au classement de l'association des cinéastes professionnels.
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