Ségolène Royal ? Un vrai homme politique !
Je ne peux pas dire que la campagne présidentielle française pour 2007 m'intéresse particulièrement. Il est vrai que j'ai lâchement quitté la France il y a près d'un an. Certes, je peux encore voter depuis l'étranger. Mais déjà quand je résidais en France, je ne me reconnaissais pas dans le débat politique. Alors maintenant... Les isoloirs du Consulat risquent de m'attendre longtemps.
Et quand je me penche (irrégulièrement) sur la vie politique française, j'ai systématiquement la satisfaction d'avoir évité un choix cornellien en mai prochain : la peste ou le choléra ?
Étant encore tenu dans une certaine mesure tenu par une obligation de réserve, je ne dirais rien sur Sarko, me contentant de renvoyer le lecteur au sketch de Guy Bedos, expliquant ce qu'il répond à ceux qui lui reprochent de ne pas assez s'en prendre à Le Pen.
Quant à Ségo... On aurait voulu y croire ! Une femme socialiste Présidente de la République. Non pas que l'expérience d'Édith Cresson comme Premier Ministre nous avait mis l'eau à la bouche. Les Anglais ne sont pas encore remis (les Français non plus...). Mais bon, c'est clair que ça nous aurait changé des éléphants (mâles) du PS qui ont la fâcheuse tendance de plomber le discours politique de gauche.
Et puis, quand on commence à se renseigner, on s'aperçoit que la femme, quand elle devient politique, sait être détestable. Certes, pas autant que son homologue masculin. Mais suffisamment pour tuer dans l'oeuf les espoirs de changement qu'elle avait pu susciter.
Déjà Pierre Bourdieu nous expliquait comment Ségo à l'ENA avait choisi entre la gauche et la droite à des fins purement carriéristes (dernier quart de la vidéo ci-dessous) :
Et récemment, j'ai pris connaissance de la polémique sur Ségolène et les profs aux 35 heures. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a baissé la garde et que son look de Jeanne d'Arc populiste en a pris un coup.
Petit rappel des faits. En janvier 2006, à Angers, lors d'une réunion du PS local, Ségolène avait abordé la question des 35 h chez les enseignants des collèges et lycées. Or, cette réunion avait été filmée à son insu par une caméra numérique. Le film a ensuite été balancé sur Internet et, très rapidement, une campagne a été montée contre Mme Royal, l'accusant d'avoir dit que les profs devaient faire leurs 35 heures dans l'enceinte des établissements scolaires et qu'ils devraient donner des cours de soutien scolaire individualisé à leurs élèves en difficulté sans rémunération supplémentaire puisque cela tombe dans le cadre de leurs 35 h de travail hebdomadaires.
À en croire les syndicats d'enseignants, Ségo aurait agité indûment un chiffon rouge sous le nez des profs. L'affaire a pris de telles proportions que Mme Royal a été amenée à s'exprimer publiquement à plusieurs reprises sur ce point. À ces occasions, elle a affirmé qu'elle n'avait jamais dit de pareilles sornettes et que tout cela n'état qu'un coup tordu monté par ses rivaux au PS.
Manque de bol, avec le Web 2.0, on peut vérifier bon nombre de ces allégations. Et soudain, notre blanche chevalière se transforme en grisâtre politicienne.
Ainsi, à Angers, elle déclarait sur la vidéo pirate :
Ségolène nous dit donc clairement que les cours de soutien individualisé dans les collèges doivent se faire sur les 35 heures payées des enseignants.
Sur le fond, Ségo n'a certes pas tort. Mais elle met dans le même sac tous les professeurs. Si certains donnent des cours dans des instituts privés sur leurs 35 h, alors il faudrait faire faire du soutien scolaire à tous les enseignants, et pas seulement à ceux qui donnent des cours de soutien privés !
En face, évidemment, ça a beuglé dur. Les profs nous ont bassiné avec leurs habituels arguments : « Les 35 heures, on les fait largement ». Mais tout un chacun peut en douter. Avec 17 heures de cours par semaine, ça laisse 18 heures pour corriger les copies et préparer les cours. Ouais, mais les cours de collège et de lycée, quand on les a préparés une fois, il n'y a quand même pas grand chose à faire pour les mettre à jour chaque année. Le théorème de Thalès, il n'a pas bougé depuis des siècles. Quant à la signification profonde des sonnets de Joachim du Bellay, l'exégèse littéraire ne fait pas rage tous les ans...
Il nous reste donc au moins 12 heures par semaine pour corriger des copies Ça fait quand même beaucoup. Et je ne parle pas des copies supplémentaires d'examens, pour lesquels les correcteurs sont payés en plus.
Ségo veut donc obliger les profs à rester au collège pour faire du soutien scolaire sur leurs heures de travail. Ce qui me paraît sensé.
Mais ce qui me choque franchement dans le discours de Ségo, c'est lorsqu'elle ajoute que cette mesure s'adresserait aux
Autrement dit, pour réformer le système, on ne s'attaque pas aux vieux profs syndiqués indéboulonnables qui se verrouillent derrière les droits acquis. Non, on va taper sur les nouveaux enseignants, c'est à dire les jeunes, ceux qui viennent d'arriver, qui sont encore plein d'illusions et qui ne comptent pas leurs heures. Bref, ce sont ceux qui profitent le moins du système qui vont écoper. En d'autres termes, Ségo invente la machine à aigrir les jeunes profs. Pas con ! En pleine pénurie d'enseignants !
Bon, elle a dit ce qu'elle a dit. Certains propos étaient sensés. D'autres nettement moins. Ça arrive. Que le politique qui n'a jamais dit de conneries lui jette la première pierre.
Là où le bât blesse et où le politique perce sous la femme, c'est que, au lieu de défendre ses idées face à la vindicte enseignante, elle va joliment se déballonner. Mais elle ne va même pas dire : Je me suis trompée, j'ai fait des amalgames, je ne sais pas ce qui m'a pris, la fatigue peut-être,... Non, elle va tout simplement nous la jouer à la George Orwell dans 1984 : je n'ai jamais dit ça, ce sont mes rivaux socialistes qui propagent ces rumeurs infondées, patati patata :
Elle prétend qu'elle n'a jamais dit que le soutien individualisé dans les établissements publics ne serait pas rémunéré :
Moi je veux bien, mais où est la déformation ? Est-ce qu'on a manipulé l'image et le son de la fameuse vidéo ? Avons-nous été victimes d'une hallucination collective ? Mais Ségolène ne s'arrête pas en si bon chemin :
Mais comme cette rhétorique ne tient pas une seconde devant une simple lecture de la vidéo, elle change son fusil d'épaule et, à chacune de ses apparitions télévisées, elle va nous assomer avec le même pontifiant discours politicien : On a sorti mes propos de leur contexte. Croyant apparemment que celle-là, on nous l'a jamais faite...
10 novembre 2006 - France 3
Malheureusement, cette rhétorique-là ne tient pas non plus si l'on regarde attentivement la vidéo pirate. Ce jour-là, à Angers, Ségolène a bien conscience que ce qu'elle va révéler, c'est de la dynamite. Elle déclare clairement :
Elle évoque en outre un «pacte» avec les syndicats enseignants pour que sa réforme soit immédiatement applicable si elle devait être élue Présidente. Autrement dit, appeler les syndicats à ne pas monter au créneau sur la réforme qu'elle va évoquer : les 35 h au collège.
Alors, Ségolène peut bien nous dire qu'on a sorti les choses de son contexte, mais les mots me semblent pourtant particulièrement clairs.
Vous appelez ça comment ? Moi j'appelle ça un gros mensonge. Et une femme en politique qui dit des mensonges, on appelle ça une femme politique. On nous dit : les hommes politiques, c'est tous des pourris, des menteurs. Il faut plus des femmes en politique et ça irait mieux dans ce pays de cocagne !
Ben y a qu'à voir de quoi est capable une candidate socialiste qui va se retrouver au second tour de la présidentielle, alors qu'elle n'a pas encore été investie officiellement par son parti. J'ose à peine imaginer à quelles compromissions elle se prêterait une fois au pouvoir !
Alors, quant à dégraisser le mammouth... Bon courage. Terminons donc plutôt sur une note de gaieté, avec le vieux sketch des Inconnus n'a jamais été autant d'actualité (c'est le propre des classiques). Toujours aussi hilarant car toujours aussi vrai :
Et quand je me penche (irrégulièrement) sur la vie politique française, j'ai systématiquement la satisfaction d'avoir évité un choix cornellien en mai prochain : la peste ou le choléra ?
Étant encore tenu dans une certaine mesure tenu par une obligation de réserve, je ne dirais rien sur Sarko, me contentant de renvoyer le lecteur au sketch de Guy Bedos, expliquant ce qu'il répond à ceux qui lui reprochent de ne pas assez s'en prendre à Le Pen.
Quant à Ségo... On aurait voulu y croire ! Une femme socialiste Présidente de la République. Non pas que l'expérience d'Édith Cresson comme Premier Ministre nous avait mis l'eau à la bouche. Les Anglais ne sont pas encore remis (les Français non plus...). Mais bon, c'est clair que ça nous aurait changé des éléphants (mâles) du PS qui ont la fâcheuse tendance de plomber le discours politique de gauche.
Et puis, quand on commence à se renseigner, on s'aperçoit que la femme, quand elle devient politique, sait être détestable. Certes, pas autant que son homologue masculin. Mais suffisamment pour tuer dans l'oeuf les espoirs de changement qu'elle avait pu susciter.
Déjà Pierre Bourdieu nous expliquait comment Ségo à l'ENA avait choisi entre la gauche et la droite à des fins purement carriéristes (dernier quart de la vidéo ci-dessous) :
Et récemment, j'ai pris connaissance de la polémique sur Ségolène et les profs aux 35 heures. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a baissé la garde et que son look de Jeanne d'Arc populiste en a pris un coup.
Petit rappel des faits. En janvier 2006, à Angers, lors d'une réunion du PS local, Ségolène avait abordé la question des 35 h chez les enseignants des collèges et lycées. Or, cette réunion avait été filmée à son insu par une caméra numérique. Le film a ensuite été balancé sur Internet et, très rapidement, une campagne a été montée contre Mme Royal, l'accusant d'avoir dit que les profs devaient faire leurs 35 heures dans l'enceinte des établissements scolaires et qu'ils devraient donner des cours de soutien scolaire individualisé à leurs élèves en difficulté sans rémunération supplémentaire puisque cela tombe dans le cadre de leurs 35 h de travail hebdomadaires.
À en croire les syndicats d'enseignants, Ségo aurait agité indûment un chiffon rouge sous le nez des profs. L'affaire a pris de telles proportions que Mme Royal a été amenée à s'exprimer publiquement à plusieurs reprises sur ce point. À ces occasions, elle a affirmé qu'elle n'avait jamais dit de pareilles sornettes et que tout cela n'état qu'un coup tordu monté par ses rivaux au PS.
Manque de bol, avec le Web 2.0, on peut vérifier bon nombre de ces allégations. Et soudain, notre blanche chevalière se transforme en grisâtre politicienne.
Ainsi, à Angers, elle déclarait sur la vidéo pirate :
je pense qu'une des révolutions c'est de faire les 35 h au collège, c'est à dire que les enseignants restent 35 h au collège. Et dans ce paquet global, il y a des cours, mais ils ne quittent pas le collège quand ils ont fini leurs cours. (...) Ceux qui font cours dans ces entreprises [privées de soutien scolaire], c'est les profs du secteur public ! Comment se fait-il que des enseignants du secteur public aient le temps d'aller faire du soutien individualisé payant et ils n'ont pas le temps de faire du souten individualisé gratuit dans les établissements scolaires ?
Ségolène nous dit donc clairement que les cours de soutien individualisé dans les collèges doivent se faire sur les 35 heures payées des enseignants.
Sur le fond, Ségo n'a certes pas tort. Mais elle met dans le même sac tous les professeurs. Si certains donnent des cours dans des instituts privés sur leurs 35 h, alors il faudrait faire faire du soutien scolaire à tous les enseignants, et pas seulement à ceux qui donnent des cours de soutien privés !
En face, évidemment, ça a beuglé dur. Les profs nous ont bassiné avec leurs habituels arguments : « Les 35 heures, on les fait largement ». Mais tout un chacun peut en douter. Avec 17 heures de cours par semaine, ça laisse 18 heures pour corriger les copies et préparer les cours. Ouais, mais les cours de collège et de lycée, quand on les a préparés une fois, il n'y a quand même pas grand chose à faire pour les mettre à jour chaque année. Le théorème de Thalès, il n'a pas bougé depuis des siècles. Quant à la signification profonde des sonnets de Joachim du Bellay, l'exégèse littéraire ne fait pas rage tous les ans...
Il nous reste donc au moins 12 heures par semaine pour corriger des copies Ça fait quand même beaucoup. Et je ne parle pas des copies supplémentaires d'examens, pour lesquels les correcteurs sont payés en plus.
Ségo veut donc obliger les profs à rester au collège pour faire du soutien scolaire sur leurs heures de travail. Ce qui me paraît sensé.
Mais ce qui me choque franchement dans le discours de Ségo, c'est lorsqu'elle ajoute que cette mesure s'adresserait aux
nouvelles générations d'enseignants si les autres nous disent "ben non, droits acquis, on fait nos 17 heures de cours et puis on s'en va".
Autrement dit, pour réformer le système, on ne s'attaque pas aux vieux profs syndiqués indéboulonnables qui se verrouillent derrière les droits acquis. Non, on va taper sur les nouveaux enseignants, c'est à dire les jeunes, ceux qui viennent d'arriver, qui sont encore plein d'illusions et qui ne comptent pas leurs heures. Bref, ce sont ceux qui profitent le moins du système qui vont écoper. En d'autres termes, Ségo invente la machine à aigrir les jeunes profs. Pas con ! En pleine pénurie d'enseignants !
Bon, elle a dit ce qu'elle a dit. Certains propos étaient sensés. D'autres nettement moins. Ça arrive. Que le politique qui n'a jamais dit de conneries lui jette la première pierre.
Là où le bât blesse et où le politique perce sous la femme, c'est que, au lieu de défendre ses idées face à la vindicte enseignante, elle va joliment se déballonner. Mais elle ne va même pas dire : Je me suis trompée, j'ai fait des amalgames, je ne sais pas ce qui m'a pris, la fatigue peut-être,... Non, elle va tout simplement nous la jouer à la George Orwell dans 1984 : je n'ai jamais dit ça, ce sont mes rivaux socialistes qui propagent ces rumeurs infondées, patati patata :
Elle prétend qu'elle n'a jamais dit que le soutien individualisé dans les établissements publics ne serait pas rémunéré :
il y a sur Internet des déformations des propos que j'ai tenus, un procès d'intention insupportable.
Moi je veux bien, mais où est la déformation ? Est-ce qu'on a manipulé l'image et le son de la fameuse vidéo ? Avons-nous été victimes d'une hallucination collective ? Mais Ségolène ne s'arrête pas en si bon chemin :
Ce que j'ai dit c'est qu'il fallait que [le soutien individualisé] soit gratuit pour les familles et que ceux qui donnent les cours soient rémunérés. Car moi qui attache beaucoup d'importance à la revalorisation du travail, c'est quand même un comble que de me prêter l'intention de faire travailler les uns et les autres sans les rémunérer.
Mais comme cette rhétorique ne tient pas une seconde devant une simple lecture de la vidéo, elle change son fusil d'épaule et, à chacune de ses apparitions télévisées, elle va nous assomer avec le même pontifiant discours politicien : On a sorti mes propos de leur contexte. Croyant apparemment que celle-là, on nous l'a jamais faite...
10 novembre 2006 - France 3
Malheureusement, cette rhétorique-là ne tient pas non plus si l'on regarde attentivement la vidéo pirate. Ce jour-là, à Angers, Ségolène a bien conscience que ce qu'elle va révéler, c'est de la dynamite. Elle déclare clairement :
Il va falloir être assez révolutionnaire dans les propositions que l'on va faire. Moi, j'ai fait une proposition. Par ailleurs, je ne vais pas encore la crier sur les toits parce que je ne veux pas me prendre des coups des organisations syndicales enseignantes.
Elle évoque en outre un «pacte» avec les syndicats enseignants pour que sa réforme soit immédiatement applicable si elle devait être élue Présidente. Autrement dit, appeler les syndicats à ne pas monter au créneau sur la réforme qu'elle va évoquer : les 35 h au collège.
Alors, Ségolène peut bien nous dire qu'on a sorti les choses de son contexte, mais les mots me semblent pourtant particulièrement clairs.
Vous appelez ça comment ? Moi j'appelle ça un gros mensonge. Et une femme en politique qui dit des mensonges, on appelle ça une femme politique. On nous dit : les hommes politiques, c'est tous des pourris, des menteurs. Il faut plus des femmes en politique et ça irait mieux dans ce pays de cocagne !
Ben y a qu'à voir de quoi est capable une candidate socialiste qui va se retrouver au second tour de la présidentielle, alors qu'elle n'a pas encore été investie officiellement par son parti. J'ose à peine imaginer à quelles compromissions elle se prêterait une fois au pouvoir !
Alors, quant à dégraisser le mammouth... Bon courage. Terminons donc plutôt sur une note de gaieté, avec le vieux sketch des Inconnus n'a jamais été autant d'actualité (c'est le propre des classiques). Toujours aussi hilarant car toujours aussi vrai :
9 Comments:
Qu’est ce qui est le plus gênant : une candidate qui est moins adroite que les autres pour dire tout et son contraire ; où une candidate qui doit faire le grand écart (entre des idées dites de droite et des idées dites de gauche) pour avoir un discourt relativement cohérent et intéressant ?
Par ce qui me frappe dans l’ébauche de campagne : c’est que les candidats se croient obligés de « coller » à leur étiquette de « naissance » (et de leur parti) pour exister et avoir une chance d’être élu. On se croirait aux Etats-Unis : je suis républicain ou Démocrate car le reste n’existe pas ; ou n’a aucune importance.
Bien sûr, aujourd’hui on a une apparition plus conséquente de BAYROU mais bon…y-t-il un espoir de le voir débattre et combattre dans un second tour ?
Car en 2002, si on pouvait évidemment déplorer la présence de LEPEN au second tour ; on a pu surtout déplorer l’absence de débat entre les deux candidats. Et cela n’a ému personne (dans les médias). A croire qu’il est normal qu’un candidat non issue des deux partis les plus importants, ne soit pas pris en considération. Evidemment, je n’étais pas de ceux qui aurait souhaité voir étaler une fois de plus ses idées souvent nauséabondes ; mais là n’est pas le problème. Le problème est bien que 17% des français l’ont amené au second tour, et que cela n’a pas suffit pour qu’une autre voie se fasse entendre (je ne dis pas « écouté »). Dans ce cas, bien sûr, il était sans doute souhaitable d’en rester là mais doit-il en être toujours ainsi ?
Il est fort à parier que cela se reproduirait avec un autre candidat surprise. On s’aperçoit que le débat politique est toujours le même. Les sujets, les thèmes de campagnes sont « confisqués » par les deux partis tour à tour majoritaires. Ceci avec la complicité des médias (notamment télévisuels ; mai pas uniquement). Les principes économiques de bases, les valeurs de la société, et les réponses aux problèmes sont toujours fixés par les mêmes personnes. Rien de nouveau ; pas de débat de fond…surtout pas. Il ne faut pas déranger une machine politico médiatique qui ronronne depuis bientôt 40 ans.
Ce statut quo dans le discours et dans le relais constant des médias, Pierre BOURDIEU le nommait « violence symbolique ». A lire BOURDIEU, on en comprend mieux la force de l’analyse. Car mon cher Daneel : il vaut bien mieux le lire que l’écouter ; il n’a jamais été (à mon humble avis) aussi bon qu’à l’écrit.
Si tu lis « les héritiers » tu te régaleras de son analyse sur les élites.
By Anonyme, at 4:29 PM
Le but de cet article n'est pas de dire que Ségolène Royal a un programme de gauche ou de droite ou entre les deux ou de ni l'un ni l'autre. Je me fiche pas mal des idées qu'elle professe parce que cela ne me concerne plus.
Mon propos était de mettre en lumière l'hypocrisie de la nouvelle Jeanne d'Arc qui lave plus blanc.
La preuve : je dis clairement dans l'article qu'elle a largement raison quant à la question des 35 h chez les enseignants. Et elle sait de quoi elle parle, elle qui fut ministre déléguée à l'enseignement.
Ce qui me gêne, c'est la façon dont elle fait passer ses idées et envisage de les imposer : devant des représentants syndicaux et du PS, elle dit clairement : arrangez-vous pour museler la base syndicale enseignante, qu'on puisse bosser tranquille pour faire passer des réformes si on arrive aux affaires.
Eh, si elle veut faire passer des réformes impopulaires, elle a qu'à faire comme ses copains de droite : prendre le 49-3 et assumer !
Bravo la gauche qui place le dialogue social au-dessus de tout ! Ségolène dit exactemet le contraire en catimini. La nouvelle Martine Aubry est arrivée : tu vas voir les 35 h, même si t'en veux pas, tu vas te les prendre. De toute façon, j'ai fait l'ENA donc je sais mieux que toi, plébéien, ce qui est bon pour toi !
Et le pire, c'est que lorsque le truc est éventé, elle répond à côté de la question aux journalistes, voire elle ment effrontément devant les militants du PS ! Cool ! Ça c'est de l'honnêteté envers ses électeurs !
Bien sûr on en a marre du clivage droite-gauche. L'application des bonnes idées ne peut se faire qu'en dehors du clivage politique traditionnel. Oui, mais il faut arrêter de prendre les électeurs pour des cons : s'ils votent PS, c'est qu'ils croient en certaines valeurs. Et Ségolène nous dit là clairement : Ces valeurs, si elles ne me conviennent pas, vous pouvez vous les mettre où je pense ! Comme discours de gauche, on a connu mieux.
Ce que je veux dire avec l'entretien de Bourdieu, c'est que si Ségolène avait voulu être honnête envers les électeurs, elle aurait dû tourner casaque, rendre sa carte du PS, partir à l'UMP, ou fonder une dissidence du PS façon Chevènement.
Seulement voilà. Dans ces conditions, ses chances d'être élue fondraient comme neige au soleil. En fait, elle utilise l'appareil du PS pour être élue, malgré des idées qui ne sont pas des idées socialistes.
Et tu vas me rétorquer que DSK et Fabius, c'est pareil, voire pire. Et tu auras mille fois raison ! C'est bien là où je veux en venir : Ségo, DSK, Fabius, même panier.
Cela doit nous appeler à la plus grande prudence quant à la réalité des idées de droite et de gauche professées ouvertement par Ségolène. Tu crois vraiment que Ségo est sincère quand elle propose son programme mi-figue mi-raisin ? Elle râtisse à droite, point. Car si elle était sincère, son programme, ce serait celui de l'UMP ou du RPF !
Alors quand je vois le raffût qu'on nous fait avec la Ségolène, qui est une femme et qui est donc forcément plus honnête que les hommes politiques, et patati et patata et envoyez les violons... Je dis non. C'est pareil.
De toute façon, ce n'est pas en règlant un problème de personnalités qu'on règlera cette question de clivage droite-gauche.
Et que Bayrou revienne nous voir lorsqu'il arrêtera de dire dans les médias qu'il est croyant et que ça joue un rôle important dans sa démarche politique. Il n'a même pas lu l'article 1er de la Constitution (République laïque) et il veut être Président ?! S'il fait sa prière tous les soirs avant de s'endormir, très bien (de toute façon ça ne suffira pas pour qu'il soit élu) mais il garde ça pour lui.
La Constitution de la Vème repose sur le bipartisme de fait. Mais c'est valable dans tous les systèmes présidentiels. Quant aux régimes d'assemblée, qui permettent des coalitions de minorités, c'est la chienlit à cause de la succession de gouvernements qui ne tiennent pas un mois.
La solution passe très clairement par une VIème République. Mais certainement pas par celle, risible, du Nouveau PS.
Et là encore, cette nouvelle constitution ne devra pas être rédigée par des politiques : on a vu ce qu'en a fait Debré en 1958 !
Il faudrait qu'elle soit rédigée par une cohorte d'universitaires. Et encore, seulement des juristes constitutionnalistes. Et surtout pas des sociologues à deux balles (qui n'arrivent généralement qu'à une chose : semer la confusion la plus totale).
Les juristes peuvent être bien sûr orientés politiquement, mais en
faisant travailler ensemble des professeurs d'horizons différents, on arrive à des résultats probants. L'exemple du nouveau Code pénal français de 1993 en est un exemple criant. Le boulot a pris plus de dix ans, mais à l'arrivée, on avait un putain de beau Code, débarrassé de toute idéologie de gauche ou de droite.
Malheureusement, depuis 1993, cette belle cohérence est mise régulièrement à mal par des parlementaires et des ministres qui ne sont pas juristes et qui foutent des patches partout. Et paradoxalement, plus tu mets de rustines, plus le bateau rend l'eau.
Par ailleurs, aux États (comme on dit ici), la césure Démocrates-Républicains est moins manichéenne que tu la présentes. Il y a des démocrates conservateurs et des républicains progressistes. Souviens-toi de Lyndon B. Johnson, le vice-président de Kennedy. Il était officiellement démocrate, mais il était surtout texan. Comme un autre président américain républicain plus près de nous. Et on a vu ce que ça a donné.
Les étiquettes ne sont pas tout.
Et de toute façon, il ne faut pas rêver : le président Bartlett ou encore la présidente Roslin, ça n'existe que dans les séries TV. Mais À la Maison-Blanche et Battlestar Galactica sont des séries dangereuses pour l'opinion : elles vont bien finir un jour par faire comprendre au peuple comment la politique devrait fonctionner et comment les politiciens de la vie réelle les roulent dans la farine. Et ce jour-là, il faudra plus qu'un homme (ou une femme) providentiel pour renflouer le navire.
By daneel, at 9:28 AM
Je suis bien d’accord sur le fait que Miss ROYAL ment autant que les autres mais…en quoi est-ce nouveau qu’un politicien (même politicienne) le fasse à des buts d’élection ? En rien, tu l’admettras ?!.
Il n’est pas non plus question d’utiliser le 49/3 comme ces enf… de la majorité actuelle, mais il n’est pas non plus nécessaire de braquer les personnes concernées par une future réforme ; avant même d’être au pouvoir. Bien sûr il aurait été plus honnête et courageux de profiter de la « fuite » (orchestrée par les mammouths) pour marquer le discours politique par une empreinte nouvelle de courage et de valeurs. Mais là, il faut pas non plus rêver…ça reste des énarques.
Pour répondre à ton aversion pour BAYROU, ou plus exactement à ton aversion pour son attirance pour la prière : je trouve que tu es toujours aussi anti-cléricale (ou anti-catholicochrétien). Cela fausse ton jugement politique. Après tout ; c’est son problème s’il est catholique et non pas le nôtre. Le fait que la constitution soit laïque n’oblige le peuple à l’être. Parce que si c’est le cas on a un gros problème (surtout avec les français musulmans). Et puis après tout…il est démocrate-chrétien alors…
En tout cas moi j’aime bien sa façon de concevoir l’Europe. Surtout lorsqu’il se prononce clairement contre l’adhésion à la Turquie et qu’il ose dire pourquoi : « parce que la Turquie et le peuple Turc ne partage notre culture ». Enfin voilà la seule et véritable raison qui justifie un refus de l’Europe. C’est le premier que j’entend le dire ouvertement ; mais…ne serait-ce pas un début d’un discours politique courageux ? (bon d’accord c’est plus facile lorsqu’on a presque aucune chance d’être élu).
Et puis un chrétien qui s’assume finalement c’est peut-être le meilleur moyen de s’attaquer au fléau que peut être la monté de l’islam dans notre pays. Finalement, la religion catholique a déjà fait ses preuves dans le domaine (cette dernière phrase est à prendre avec précautions et ne surtout pas la sortir de son contexte).
Tu parles d’une VIème constitution…(c’est marrant BAYROU en parle depuis déjà longtemps) je suis bien d’accord mais si les juristes s’en occupent seuls : quelle couleur va-t-elle avoir. Sans lui donner un sens politique elle risque de ressembler à celle que les technocrates de Bruxelles voulait nous faire avaler. Personne ne peut se satisfaire d’une constitution incompréhensible de la population (mis à part les juristes eux-même) et qui ne peut donner les valeurs de bases d’une nation.
Bien sûr les juristes doivent la faire (et « oui » des universitaires ; qui devraient d’ailleurs dans bien des domaines retrouver l’écoute des élites) mais « éclairés » (si on peut dire) par des politiques ayant des valeurs de bases communes.
Tu sembles apprécier le régime présidentiel américain ?! Pourquoi pas mais s’il te plait : tu ne peux pas trouver satisfaisant ce système bi-partisan : Les Répu et les Démo. C’est une farce ton histoire des modérés et de conservateurs. Ce semblant de « pastelisation » de couleur politique prête à sourire : on ne fait un arc en ciel avec deux couleurs.
Par contre je dois reconnaître que le système américain ; bien que présidentiel, à le mérite de mieux équilibrer le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif (on ne peut pas en dire autant en France).
On a connu la IVème république, l’idée d’un régime parlementaire me plait bien mais bon…c’est vrai qu’il faudrait limiter le nombre de partis ; mais le peut-on ? Je ne sais pas ; après tout c’est toi le juriste.
Et au Quebec c’est comment ?
http://hariseldon.skyblog.com/
P S : j’attend tes réaction sur mon second article
By Anonyme, at 2:18 PM
Concernant Bayrou, je n'ai pas d'aversion envers lui. Peut-on haïr son caractère diaphane et son manque de charisme ? Par ailleurs, je ne suis pas anti-catholique, mais effectivement, je suis anti-clérical (mais au niveau de toutes les Églises) au sens politique du terme : je suis pour la laïcité. Il ne faudrait pas confondre (comme tu sembles le faire) laïcité d'État et athéisme d'État.
J'estime que les Églises n'ont rien à foutre dans le pouvoir temporel. Et c'est justement le sens constitutionnel de la laïcité. Neutralité de l'État envers les religions, mais en retour non intervention de la religion dans les affaires d'État. Chacun peut avoir les convictions religieuses (ou non- religieuses) qu'il veut, du moment que ça ne transparaît pas dans la sphère du pouvoir politique, chacun chez soi et les vaches seront bien gardées.
Et quand on voit comment le pape s'y prend avec les musulmans en mettant le feu chez les extrémistes avant d'aller faire le barbot en Turquie, je ne pense pas que cette idée de laïcité obscurcisse tellement mon jugement.
Quand tu me parles de Bayrou qui a le courage de dire que la Turquie n'a pas sa place dans l'Europe parce que nous n'avons pas la même culture, je pouffe de rire : je comprends bien que son chanoine doit s'inquiéter de la montée de l'Islam, mais il faudrait justement que le petit François regarde ce qui se passe actuellement en France et même en Europe. Ça veut dire quoi "on n'a pas la même culture" ? Avec le nombre de musulmans en France aujourd'hui, avec le nombre de Turcs en Allemagne, un tel discours prouve que Bayrou a des oellières en forme de chasuble. Les musulmans, ils sont là en Europe, et leur nombre ne va pas diminuer. Il faut faire avec maintenant.
Il faudrait justement oublier cette conception du "On n'a pas la même culture donc on peut pas appartenir au même ensemble politique". Et trouver des solutions plus constructives. Sinon, il faut mettre tous les musulmans français (et donc qui ont le droit de vote !!!) sur des boat people ou des train people ou des ce-que-tu-veux-people et les renvoyer tous chez eux, qu'on reste entre chrétiens en France !
De ce point de vue, au Canada, pays d'immigration s'il en est, on ne comprend même pas ce genre de discours complètement suranné. On est certes allé un peu trop loin au Québec avec la Charte des droits, en ce qui concerne le concept d'accommodement raisonnable (et on est en train de se demander s'il ne faudrait pas revenir un peu en arrière). Mais ici, cette idée de "pas la même culture", comme dirait Pierre B. : «... Pas compris...» (Je ne parle pas de la question linguistique et de la nation québécoise, qui est un autre problème).
Alors quand je t'entends parler de la montée de l'islam comme d'un fléau, je suis bien obligé de vérifier que c'est bien ton pseudo qui figure au bas du commentaire, parce que là, je ne te reconnais plus. Comment peux-tu me reprocher d'être anti-chrétien ? Dois-je te qualifier en retour d'anti-musulman ?
Il faudrait peut-être ne pas confondre montée de l'islam et montée de l'islamisme. Parce que j'ai bossé aux côtés de plusieurs jeunes musulmans (notamment un d'origine turque) pendant 2 ans et demi et franchement, je ne les reconnais pas dans ce "fléau". Surtout quand on sait sur quel domaine ils travaillaient. En plus, il y avait des croyants et des pas croyants, des pratiquants et des non pratiquants,...
Alors, montée de l'islam ou montée de la violence dans les banlieues récupérée par des ayatollahs à la petite semaine ? Ce fléau de la violence des banlieues (car c'est ça le vrai fléau), il faut dire merci au Général pour son plan quinquennal qui visait à faire des immigrés maghrébins un sous-prolétariat, pour donner aux français de base l'impression qu'il y avait plus misérables qu'eux. Cinquante ans après, retour de bâton. C'est même un miracle que ça n'ait pas pété avant.
Et avec ça le ministre des cultes qui nous la joue sur l'air « les musulmans sont nos amis mais il faut quand même faire gaffe » et qui prend bien soin de mettre en place un système de contrôle du conseil du culte musulman, mais en muselant bien les extrêmes, des fois que son invention géniale pour gagner 7 millions de voix aux présidentielles, elle lui revienne dans la face avant mai 2007 ! Pourquoi créer un tel conseil sous les auspices de l'État alors que cela n'existe pas pour les autres cultes (même catholique !) ?
Voilà où mène la négation de la laïcité de l'État. Parce qu'il croit (ou feint de croire) que les problèmes de criminalité sont avant tout un problème de religion. Et qu'en encadrant l'Islam de France, il va régler la violence en banlieue. Il faudrait peut-être faire la différence entre un sauvageon et un terroriste. Même si les uns peuvent à de rares occasions être recrutés par les autres.
Il faut arrêter avec ces raccourcis à la mort-moi-le-n... véhiculés par les médias, et pas seulement National-Hebdo. Ce n'est pas la religion musulmane le problème, c'est la récupération de l'identité musulmane à des fins guerrières par des sectes (au sens premier du terme) islamistes. Le reste, c'est du roman de gare.
J'ai coutume de dire qu'il faut laisser encore six siècles à l'Islam pour faire se preuves comme religion. Vu qu'elle est apparue 600 ans après le Christianisme, ça me paraît un bon deal. En attendant, certains responsables musulmans font des belles saloperies. Et si c'est à plus grande échelle que l'Église catholique, c'est parce que les armes et les tactiques de combat sont plus évoluées aujourd'hui qu'il y a 6 siècles.
Car, contrairement à ce que tu dis, ce n'est pas la religion catholique qui «a déjà fait ses preuves dans le domaine», mais l'Église catholique. Nuance. Et l'influence néfaste de l'Église catholique au Canada puis au Québec avant 1960, crois-moi, il y a de quoi dire...
Quant à la VIème République, Bayrou en parle depuis longtemps ? Diantre ! Moi j'y pense depuis mes premiers cours de droit constit à la fac ! Tu te souviens de mon ébauche de bouquin de SF constitutionnaliste ?
La Vème République était un régime gaullien pour de Gaulle par de Gaulle. Debré n'imaginait même pas que la cohabitation puisse exister ! Dès 1969, le système était obsolète. Mais c'est pas grave, il perdure ! Bien sûr qu'il faut une VIème République, c'est évident. La question, c'est : laquelle ?
Tu estimes que les juristes seuls feraient de cette nouvelle Constitution un brouillon non orienté politiquement, et tu prends l'exemple de la Constitution européenne. Je te rappelle quand même que le grand ordonnateur de ce texte est VGE, qui ne sait pas ce que c'est qu'une fac de droit.
Je reste d'aileurs sidéré par tes propos comme quoi les juristes constitutionnalistes devraient être éclairés par les politiques. Je ne t'en tiendrais pas rigueur, car si tu avais suivi quelques cours de profs constitutionnalistes et lu quelques ouvrages un peu techniques en la matière, tu aurais pu t'apercevoir qu'ils ont une haute conception de la politique, bien plus haute que la politique politicienne des soi-disant élites. Et des constitutionnalistes, même d'horizons politiques différents ont de bien meilleures bases communes que les politicards d'un même parti.
Je suis désolé de te le dire, mais ce genre de considération, tu NE PEUX PAS en prendre conscience en lisant des ouvrages de sociologie ! C'est comme si tu essayais de comprendre la mécanique quantique en lisant du Blaise Pascal, prince de l'apologétique ! Ah oui, ça parle de sciences aussi, mais on est pas au même niveau !
L'exemple du nouveau Code pénal français que je te donnais précédemment est exemplaire en la matière. Comment des juristes de haute volée ont donné une superbe cohérence à un Code vieilissant et raccomodé de toutes parts. Et comment des politiques soi-disant éclairés sont en train de tout foutre en l'air...
Quant au système politique américain, je n'en suis pas un fana. Mais il faut quand même lui reconnaître qu'il met le Chef de l'État en première ligne, à la tête du gouvernement et qu'il ne s'abrite pas derrière un fusible nommé Premier ministre.
Lequel Premier ministre, en France, n'est d'ailleurs pas élu !!! Bravo la super démocratie française qui est, comme chacun sait, la meilleure du monde ! Le pays des droits de l'homme, bla bla bla bla bla...
Le système britannique (et donc canadien) est sur ce point beaucoup moins hypocrite que le français. Car au moins, on sait dès le départ que la Reine est intouchable. Levez la main ceux qui croient que Chirac va aller en taule après mai 2007 ! Bullshit !
La Haute Cour de Justice et toutes ces juridictions d'exception qui font des représentants du peuple français des sur-citoyens, ah oui, bravo la République française ! Car, c'est bien connu, la Révolution française est le phare du monde politique contemporain. Oui, môssieu ! La Glorieuse Révolution d'Angleterre de 1688 ? Connais pas. La Révolution américaine de 1776. Connais pas. L'Histoire politique commence en France en 1789. Point.
Alors quand tu réduis le système politique américain à un bipartisme manichéen tout en reconnaissant une vrai séparation des pouvoirs, c'est paradoxal : si cette séparation est effective, c'est en grande partie en raison du bipartisme. Un système de coalition de plusieurs partis ferait voler le système en éclats et le Président serait King of the world.
Quant à ce système de pastelisation des Répu-Démo américains, tu as le droit de ne pas y croire, mais c'est pourtant cette subtilité du système qui a coûté à Bush le Congrès dernièrement. Alors, toujours contre ?
On ne fait pas un arc-en-ciel avec deux couleurs ? Ah oui, il y a aussi Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, Tant va la cruche à l'eau..., On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre.
Et puisqu'on fait dans l'allégorie chromatique, ton arc-en-ciel français bleu-rouge-vert-rose-noir, ah oui, il a plus de nuances, mais pour marier des couleurs pareilles, il faut vraiment avoir un goût de chiotte.
Parce que le régime d'assemblée (et non le régime parlementaire) de la IVème, ah sur le papier, c'est joli. Sauf que, dès que tu mets ça en forme, ça se casse la gueule comme un château de cartes. Le régime de la IVème République a duré 12 ans, avec un nombre record de gouvernements renversés. Ce n'est pas à une Assemblée de gouverner, elle n'est pas faite pour ça. Pourquoi ? Revois Star Wars-épisodes I et II. C'est un exemple parfait.
Tu veux le multipartisme mais, en même temps, tu veux limiter le nombre de partis. Soit, mais à combien ? 4,5,6 ? Et sur quels critères ?
Il y a près de 6 miliards de personnes dans le monde qui ne vivent pas en France.
Il faudrait peut-être arrêter de voir le monde politique par le petit bout d'une lorgnette bleu-blanc-rouge. Peut-être que la solution pourrait venir de systèmes autres que français. Je sais, un Français qui dit ça, c'est un traître à la Nation, mais bon j'assume.
By daneel, at 11:29 AM
Excellent !!!J'ai adoré le ton de ta répone. Je vois qu'il est toujours assez facile de te faire démarrer au quart de tour.
Toutefois, j'ai perçu une pointe de "mauvaise foi" (même si le mot est court).
En effet je n'ai pas dis "montée de l'islam" ou fléau de cette "montée" en France mais bien dans le monde et maintenant aux portes de l'Europe.
Biensûr qu'il y a des musulman en France (et en Europe) et tant mieux : j'aime toujours la diversité culturelle. Mais attention : comme le disent les sociologues depuis 10 ans : on a laisser tout faire en matière de communautarisme. Ceci justement sous couvert de "vive le multiculturalisme".
J'ai suivi quelques cours de droit constitutionnel et j'avoue que je t'ai volontairement taquiner sur le sujet...comme au poker : pour voir (et j'ai vu).
Je ne confond pas laïcité de l'Etat et athéïsme; je pense que c'est oit qui fait la confusion. EN effet, un homme politique peut avoir des convictions religieuses et exercer le pouvoir; à la condition qu'il ne fait pas reposer son action politique sur cs principes.
Je te répondrais plus tard sur la suite car je manque de temps. Mais patience...je ne vais pas te laisser t'en tirer avec quelques pirouettes.
D'ailleurs : VGE n'a pas "rédiger" la constitution : il a antériner (et fait quelques retouches) d'un texte écrit par les technorates (surement pas juristes d'ailleurs).
By Anonyme, at 1:46 PM
Dis donc pèpère, c'est pas la bonne foi qui t'étouffe !
Tu prétends ne pas avoir parlé de fléau de l'islam en France mais dans le monde.
Oui ben, je te cite : «Et puis un chrétien qui s’assume finalement c’est peut-être le meilleur moyen de s’attaquer au fléau que peut être la monté de l’islam dans notre pays »
Je ne doute pas que dans ton prochain message tu diras : «oui mais je l'ai fait exprès pour voir si tu allais réagir». On va aller loin comme ça !
Mais n'oublie pas quand même que ce n'est pas là un échange de courriels mais une suite de commentaires sur un site web. Le lecteur lambda aura certainement de tes propos une vision moins subtile. Car l'ironie, ça se manie avec des pincettes.
Et laisse un peu les sociologues où ils sont. Ces psychanalystes de la société sont très fort pour pointer ses névroses. Ce sont les rois du yaka-fokon-ifo. Et derrière, qu'est-ce qu'ils proposent ? Rien, un gros néant qu'ils enrobent dans des zolies théories à deux balles totalement irréalistes dignes de figurer dans le programme des Verts version Reader's Digest.
Je ne vais pas te dire que le multicuturalisme au Canada c'est toujours youkaïdi youkaïda, mais franchement, quand je vois les formes du melting pot ici, je me demande si les USA sont bien sur le même continent que moi... Et si la France a bien la même notion de la culture occidentale et de l'égalité des chances. Il peut y avoir multiculturalisme dans un cadre étatique sans que ça pète par tous les bouts.
Tu me dis avoir pris des cours de droit constit, ça je suis au courant. Mais je parlais de professeurs constitutionnalistes. Si je me souviens bien, ce n'était pas le cas en ce qui te concerne. Toutefois, lesdits cours devaient être bien balaises puisqu'ils te permettent de dire que je ne connais rien à la laïcité de l'État. Mais toi, en revanche, t'assures. Encore un coup de bluff ? Faut arrêter de regarder les DVD de Patrick Bruel !
Enfin, tu écris « D'ailleurs : VGE n'a pas "rédiger" la constitution : il a antériner (et fait quelques retouches) d'un texte écrit par les technorates (surement pas juristes d'ailleurs).»
Je n'ai pas écrit qu'il avait rédigé le projet de Constitution, j'ai écrit qu'il en avait été le grand ordonnateur (définition du dictionnaire : Personne qui met en ordre.• Personne qui organise une cérémonie, une fête, etc.).
Et bien sûr que ce projet a été rédigé par des technocrates. Comme si ça ne se voyait pas !
J'ai hâte de lire tes (contre-?)pirouettes en version longue.
Bisous quand même :-)
By daneel, at 2:38 PM
Bien sûr que je ne peux pas prétendre te "reprendre" en Droit Constit; bien entendu que le muticulturalisme peut fonctionné dans un état laïque...mais seulement un temps. Et cela suppose (comme son nom l'indique) que cet état soit réellement "laïque". Car l'état français n'est peut-être plus laïque pour très longtemps. Nous avons frôler l'abandon de ce principe il y a peu (avec l'affaire du voile à l'école) et il est fort à parier que le problème reviendra rapidement. Pour une fois on a été plus intelligent que les anglais.
A,..;aufait : les sociologues ne sont pas des "philosophes" ni des "donneur de leçons" : leur rôle se limite (et c'est déjà pas mal) à analyser les travers de la société. Bien sûr il y a des dissident donneur de leçons à deux balles (comme Touraine) mais bon...chaque clan à ses brebis galeuses. DOnc ils analysent et c'est aux politiques d'agir.
Oui j'ai écrit "monté de l'islamisme dans notre pays", mais je voulais dire comme partout dans le monde (ça va elle est belle la pirouette ?). Et cela personne ne peut raisonnablement le nier ?!
Le problème n'est pas la religion, comme tu le faisais remarquer justement (avec tes anciens collègues) la religion peut ne pas séparer les uns des autres (ayan tune autre croyance)...non le pb c'est la tradition, la culture qui en est issue; autrement dit : l'histoire des peuples.
Car comme tu dois le savoir, la religion catholique a été véhiculé (et a grandi) dans des états déjà existants (peuple et nation) ce qui n'est pas le cas de l'islam. L'islam a pré-existé aux nations arables et persannes. Cela change tout car dans ce dernier cas : la culture, la tradition et donc la religion est toujours supérieur à un quelconque état; et donc : un état musulman (ou non) ne peut être laïque avec un peuple musulman.
D'où d'ailleurs le pb de l'adhésion de la Turquie. Car...oui il y a des millions de musulmans en Europe, et oui ils y ont leur place, mais cela fonctionne parce qu'ils y sont minoritaires et que le communautarisme n'est pas encore devenu leur seule pratique sociale. Sauf peut-être au Danemarque où les dégats ont déjà commencés ( voir les différents assassinats et l'affaire des carricatures).
PS : cette fois j'ai essayé de bânnir la mauvaise fois
By Anonyme, at 9:43 AM
Je préfère en effet nettement le ton de ce dernier commentaire...
La laïcité de l'État français s'est pris des sacrés coups de butoir récemment, par l'entremise de notre ministre des cultes. Et s'il passe aux présidentielles et continue dans cette voie, je ne suis pas sûr qu'on aura été plus intelligent que les Anglais !!!
Les sociologues ne sont certes pas des philosophes, mais je maintiens qu'ils sont donneurs de leçons dans certains domaines : notamment la sociologie des religions, où les brebis galeuses ont déjà contaminé presque tout le troupeau (sur ce point, surveille ce blog dans les jours à venir...). C'est ce qui m'a fait dire qu'ils sont les psychanalystes de la société.
Quand tu dis que la religion catholique a grandi dans des États pré-existants, il faut quand même signaler que l'Islam est apparu dans des États arabes préexistants et s'est introduit en Perse (État lui aussi préexistant). Ce n'est qu'après une rapide et forte acceptation de l'islam dans le monde arabe que la civilisation arabo-musulmane apparaît. Alors, tout n'est pas aussi simple qu'une histoire de pré-existence de l'État sur la religion ou inversement.
Quant à la Turquie, c'est un État laïque ! Avec un peuple fortement musulman, certes, mais ça reste un État laïque, par opposition à une république islamique d'Iran.
Alors quand je vois des politicards français qui disent que la Turquie ne peut pas entrer dans l'Europe parce que le peuple est majoritairement de confession musulmane, je me dis que si on ne renverse pas la vapeur rapidement, on va vivre un beau bordel en France dans quelques lustres.
Car aujourd'hui, ils peuvent faire les beaux, les chrétiens majoritaires, face aux musulmans minoritaires. Mais au fait, c'est quoi une minorité ? 10 % de la population ? 30 % ? 49,99999 % ? Il faut quand même bien comprendre que dans quelques années, la religion musulmane sera la 1ère de France. Et si ces musulmans réagissent alors comme les chrétiens majoritaires d'aujourd'hui, bonjour la république islamique !
Il faut selon moi arrêter avec ces histoires de majorité/minorité. Car là aussi l'alternance va se produire et si on n'a pas mis des garde-fous objectifs dans le système, il va se renverser comme une coquille de noix.
By daneel, at 2:41 PM
Alors là je suis bien d'accord.
Sauf peut-être en ce qui concerne la "laïcité" de l'Etat en Turquie. Un Etat laïque dans les textes, certes mais dans la pratique c'est autre chose.
By Anonyme, at 2:01 PM
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