Chroniques trantoriennes

30 novembre 2006

FireFTP, encore un intégré Firefox qui fait mal...

Mozilla, encore et toujours...

Aujourd'hui, évoquons une des dernières créations au sein de cette communauté des "logiciels libres qui fonctionnent mieux que les logiciels propriétaires" : le client FTP baptisé FireFTP.

Les clients FTP, il en existe 13 à la douzaine. Des petits, des gros, des gratuits, des pas-si-gratuits-que-ça et des payants. Alors pourquoi donc signaler la création d'un nième produit sur ce secteur surreprésenté dans les colonnes de la presse spécialisée ?

Première raison : FireFTP est un intégré de Mozilla Firefox.

J'en entends penser très fort : « Je m'en balance, j'ai Internet Explorer ».

Soit. Il faut respecter toutes les croyances, même les plus irrationnelles. Après tout, quand Fleming a proposé la pénicilline, certains ont bien dû répliquer : « On s'en fiche, on a les cataplasmes à la farine de moutarde.»

Si vous n'en avez toujours pas marre de ce fardier de Cugnot numérique qui bouffe la RAM, qui rame, qui bugue, qui plante et qui ne sait rien faire, passez votre chemin.

Les autres, ceux qui vivent au XXIème siècle, pourraient se demander pourquoi je parle de FireFTP alors que je disais il y a peu tout le bien que je pensais de Performancing pour Firefox, lequel comprend un module FTP.

Tout d'abord, ledit module s'avère fort peu intuitif, ce qui ne laisse de surprendre quand on a pu constater l'aisance d'utilisation du reste du programme. Par ailleurs, l'élément FTP de Performancing ne concerne que les fichiers images, ce qui se révèle vite insuffisant pour un blogueur non débutant. Et j'en arrive ainsi à la :

2ème raison : FireFTP est d'une simplicité désarmante.


FireFTP s'active d'un clic depuis votre navigateur préféré, via le menu Outils ou, mieux, via une icône que vous pouvez placer dans votre barre personnelle. Il s'ouvre dans un onglet, comme une page internet. Un clic pour se connecter à son serveur, on se balade dans l'arborescence des dossiers, on transfère par glisser-déposer, les transferts de fichiers sont immédiats (pas de liste d'attente à activer). Impressionnant.

FireFTP est pour l'heure le plus simple, le plus léger (105 Ko !) et le plus efficace des clients FTP que j'ai eu à tester. Son intégration parfaite à Firefox en fait un outil indispensable pour tout blogueur invétéré, mais aussi pour 95 % des webmestres qui, comme chacun sait, n'utilisent que 5 % des capacités des usines à gaz FTP qui coûtent une fortune. Et oui, car (et je terminerai là-dessus) :

3ème raison : FireFTP est complètement gratuit.

Programme en version β (0.9) mais déjà disponible en français !

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28 novembre 2006

Un module Google Earth pour le Da Vinci Daube

Relativement à mon message consacrée aux élucubrations du film Da Vinci Code, je viens de créer un module Google Earth pour visualiser les lieux concernés en 3D.

Si vous n'avez pas envie de vous retaper tout l'article pour trouver le lien en contexte, vous pouvez accéder directement à ce module en cliquant ICI.

Une fois Google Earth lancé, cliquez sur le bouton lecture (au bas de la fenêtre Places) pour commencer la visite. Pour la vue en plein écran : touche F11.

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27 novembre 2006

Bond... Best Bond.

En 2004, une pétition commença à circuler sur le Web. Elle visait à afficher le mécontentement des fans des films de James Bond vis-à-vis du comédien que la production venait de choisir pour interpréter le célèbre agent secret britannique, dans le futur Casino Royale.

Fédérée sur la page www.danielcraigisnotbond.com, cette fronde avait le mérite de proposer un argumentaire limpide : boycottons ce film dont nous ne connaissons rien, sauf le faciès de l'interprète principal, Daniel Craig.

Et combien croyez-vous que la pétition rameuta de signatures ? 200 000. Oui vous avez bien lu : deux cent mille. 200 000 personnes qui, non contentes d'être gravement ramollies du bulbe, sont certainement analphabètes. Car, à l'évidence, aucune n'a jamais lu un roman de Ian Fleming. Et ne pas avoir lu Fleming quand on se prétend fan de James Bond, c'est aussi stupide que de ne pas connaître J.K. Rowling quand on est fan de Harry Potter.

Maintenant que le film est sorti et que l'on peut juger sur pièces, l'acrimonieux site anti-Daniel Craig est bien obligé de verser dans la mauvaise foi rampante s'il veut continuer à exister. Car prétendre que Daniel Craig n'est pas James Bond revient aujourd'hui à crier sur tous les toits que Harrison Ford n'est pas Indiana Jones.
En rebootant la machine James Bond, Michael Wilson et Barbara Broccoli ont pris le plus gros risque de l'histoire de leur franchise cinématograhique. Et ils ont eu mille fois raison.

Casino Royale remet en effet les compteurs à zéro et devient le nouveau Bond-étalon. Lazenby et Moore sont enterrés. Même Sean Connery fait pâle figure, avec ses gadgets à deux centimes et son sourire carnassier. Restaient en lice Tmothy Dalton (qui fut le plus humain des interprètes de 007) et Pierce Brosnan, qui avait marqué des points avec Demain ne meurt jamais, jusqu'ici le meilleur film de la série.

Malheureusement pour tout ce petit monde, Casino Royale vient de signer un strike et les envoie dans le décor. Jamais un James Bond n'avait su mêler aussi adroitement action et drama. La redéfinition du personnage principal fait de Bond un homme à l'égo démesuré, qui vient d'être nommé 00. Il se plante régulièrement mais ne lâche jamais rien. Quand avons-nous vu Bond se prendre des coups et encore des coups tout le long du film ? Quand l'avons-nous vu avoir vraiment peur ? Quand avons-nous douté qu'il puisse mener à bien sa mission ? Reconnaissons-le : jusqu'ici, jamais.

Le choix de Daniel Craig relève d'une prodigieuse audace de casting. Craig a une gueule. Ce n'est pas un top model, mais tabarnak, quelle présence ! À côté de lui, Sean Connery a le charisme d'un artichaut. C'est dire... Craig bouffait déjà l'écran dans Munich, dans le rôle d'un agent secret israëlien manichéen. Cette fois, il ne joue pas : Daniel Craig est James Bond.

Le personnage de Vesper Lynd, pour sa part, transcende le concept de James Bond girl. Elle n'est ni une jolie écervelée dont Bond s'entiche (juste assez pour avoir envie de la sauver à la fin du film), ni une super-agente avec qui il fait équipe (Michelle Yeoh-Halle Berry). Vesper Lynd est une femme qui veut se faire une place dans un monde très masculin, mais qui va se retrouver dépassée par les événements.

Quant au méchant de l'histoire, Le Chiffre, ce n'est pas un mégalomane qui veut faire péter la planète, mais un homme aux abois. Là encore, grosse nouveauté et profondeur dramatique accrue.

De leur côté, les morceaux de bravoure du film sont nombreux et particulièrement soignés. La solide mise en scène du vétéran des films d'action Michael Campbell (Goldeneye - La marque de Zorro) fait merveille, épaulée par un chef-monteur hors pair : Stuart Baird. Il fallait au moins ça pour dépasser les prouesses techniques de Demain ne meurt jamais, du réalisateur Roger Spottiswoode, lui-même ancien chef-monteur (ceci explique cela).

Mais l'une des séquences les plus intéressantes du film demeure cette longue partie de cartes plusieurs fois interrompue au Casino Royale. Enfin, de la tension dramatique autour d'une table de jeu dans un James Bond. Parce que avant, quand Bond rentrait dans un casino, il en ressortait forcément les poches pleines, en ayant joué les yeux bandés et les mains dans le dos.

Et vous avez souvent vu James Bond, ratissé au tapis vert, commandant un martini dry et qui, à la fameuse question du barman « au shaker ou à la cuillère ? », répond excédé « Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?»

On l'aura compris, Casino Royale ne se contente pas d'être le meilleur des 21 James Bond. Il redéfinit le genre et lui donne une impulsion nettement dramatique. On pourra aujourd'hui dire fièrement qu'on a vu un James Bond, sans passer pour un lobotomisé. Et ça, ça n'a pas de prix. Espérons simplement que le scénario du prochain Bond saura conserver cette fragilité du personnage principal, toujours interprété par l'incroyable Daniel Craig.

Pour terminer sur le choix de l'acteur qui comme chacun sait « ne ressemble pas à James Bond », je voudrais évoquer ma théorie en la matière. Contrairement à ce troupeau beuglant sur la page web mentionnée plus haut, la question de l'apparence physique et de la personnalité de James Bond est un faux problème. Je considère depuis bien longtemps que James Bond n'est pas un seul et même personnage, mais une identité d'emprunt que le MI-6 donne à un agent double-zéro, en même temps que son matricule.

Pour moi, tous les 007 en fonction ont eu pour pseudonyme James Bond. Dès lors, il est vain de chercher à comprendre pourquoi Bond ne vieillit pas (sauf Roger Moore...) et change sans arrêt de visage. Quel intérêt MI-6 aurait-il à agir ainsi ? Eh bien revoyez Princess Bride et son concept du pirate Roberts : ce n'est pas juste un nom, c'est une légende qui accompagne le personnage.

Je viens de m'apercevoir que cette théorie était également partagée par Lee Tamahori (réalisateur du décevant Bond n˚20, Meurs un autre jour) et par le scénariste-dessinateur Alan Moore (La Ligue des Gentlemen extraordinaires). Je vous renvoie à ce propos à l'excellent article Wikipédia consacré à James Bond.

De nombreux fans rejettent cette théorie en avançant que plusieurs films (dans lesquels Bond est joué par un interprète différent) font expressément mention de la mort de la femme de Bond. Pour ces détracteurs, cela suffit pour dire que Bond est un seul et même personnage.

Mais cet argument se révèle largement insuffisant. En effet, il existe selon moi une explication qui efface cette dénégation : la femme morte n'était pas la même. Car être double-zéro entraîne des conséquences pour les agents qui ont fondé une famille (avant, pendant ou après leurs fonctions de 00) : s'ils sont identifiés, ces agents peuvent faire l'objet de pressions ou de représailles de la part des ennemis. En l'espace de 45 ans, il n'y a pas qu'un seul 00 (ou ex-00) dont la femme a pu être assassinée par une puissance politique étrangère ou une organisation criminelle.

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26 novembre 2006

David Blaine défie la vacuité universelle

Notre apprenti magicien-cascadeur préféré a encore fait parler de lui récemment avec un "exploit" encore plus con que les précédents : attaché à je ne sais pas combien de mètres de hauteur (mais bon, que ce soit 30 ou 100, ça change pas grand chose) dans un pseudo-gyroscope, Blaine a tourné durant deux jours à une vitesse angulaire de 8 tours par minute. Wouah, trop fort. Et surtout, c'est super-fascinant, comme nous le montre la vidéo suivante :


Mais si je vous reparle de David Blaine, ce n'est pas uniquement pour cette unième tentative pour toucher le fond en prenant de la hauteur. Il se trouve que je suis tombé sur un autre de ses DVD, Street Magic-2006.

On retrouve les mêmes défauts que dans le premier épisode (boniment réduit à sa plus simple expression, démarche dégingandée, mise en scène inexistante). Mais le plus flagrant, c'est la vulgarité de certains tours. Dans le genre, le DVD commence très fort, avec la fameuse lévitation que nous avons déjà évoquée sur ce blog.

Avec la distinction qui le caractérise, David Blaine crétinise un effet d'illusionniste à l'origine sympatique. Il s'élève de quelques centimètres, puis s'effondre, comme s'il était victime d'un coup de couteau ou d'une balle de fusil. Il se roule par terre et appelle à l'aide son spectateur, un pauvre ado qui se demande bien ce qui lui arrive :


Vu comme ça, cette mise en scène est seulement ridicule. Mais regardez bien le lieu où David Blaine nous fait son numéro. Ça ne vous rappelle rien ? Je vous l'accorde, si vous n'êtes pas fans des films d'Oliver Stone, ce n'est pas évident. Dans le cas contraire, ça a dû vous sauter aux yeux.

Un indice supplémentaire ?

Pour visualiser le lieu en 3D sous Google Earth, Cliquez ici

(au bas de l'écran Google Earth, cochez la case Buildings)



Et oui, Dealey Plaza, à Dallas. David Blaine s'écroule à l'endroit où, le 22 novembre 1963, JFK a été assassiné par la balle magique !

C'est d'un goût... très sûr. Quelle classe ! Quelle distinction ! J'ai même cru qu'il allait se relever avec ladite magic bullet entre les dents...

Allez, David, retourne faire de l'apnée dans ton bocal et restes-y, le monde de la magie pourra enfin respirer.

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22 novembre 2006

Un second article sur TheRaider.net

The Raider.Net, le site de référence sur la trilogie Indiana Jones, vient de publier un second article (en anglais) que j'ai tiré de mon livre électronique (en français) consacré à Steven Spielberg.

Après un premier texte consacré à l'influence d'Hitchcock dans Les Aventuriers de l'Arche perdue, j'ai fait de même avec un autre réalisateur. L'article s'intitule en effet :


(c) 2006 - TheRaider.net

C'est toujours pour moi un honneur de figurer parmi les contributeurs de ce site incontournable pour tout amateur de Spielberg en général et de sa saga aventurière en particulier.

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Tabitha's Place : les députés tombent de l'arbre

On croyait avoir tout dit sur les commissions parlementaires consacrées aux sectes. La compétence de leurs membres, l'à-propos de leurs conclusions, la profonde démarche réflexive qui les caractérise... Il ne manquait plus que Gérard Miller et tout ce petit monde pouvait passer à On a tout essayé, émission de télé que le monde entier nous envie.

Mais apparemment vexés que l'on ne parle plus assez d'eux dans la presse, nos chers députés de la commission d'enquête sur les sectes et l'enfance ont tenté une sortie sur le terrain. Dans le cadre des « pouvoirs d'enquête sur pièce et sur place du rapporteur » (on est prié de ne pas pouffer de rire), voilà notre petit monde propulsé dans l'inconnu : la vie réelle. Le carré d'as de la commission (président, vice-président, secrétaire et rapporteur ; que le dernier ferme la porte) est donc aller rendre une petite visite de courtoisie à la communauté de Tabitha's Place, à Sus-Navarrenx, près de Pau (Pyrénées atlantiques).

La descente de députés a été relatée par le quotidien Le Monde, qui reprend in extenso une dépêche de l'AFP (tiens, c'est bizarre, je croyais cette détestable pratique l'apanage de la vilaine-vilaine-vilaine presse gratuite).

Officiellement, nos trois mousquetaires (qui étaient quatre, comme chacun sait) se rendaient sur place pour enquêter sur 14 enfants non scolarisés, vivant dans la très recluse communauté apostolique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que si l'on a pas encore touché le fond, on s'en approche de manière asymptotique.

Je cite l'article :
[Les députés] disent avoir constaté que les enfants savaient lire mais qu'ils ne restituaient pas convenablement le sens de ce qu'ils avaient lu. Ils ne sont pas vaccinés, n'ont pas de contacts avec les enfants extérieurs à la communauté, ignorent internet, le cinéma, la télévision et ne sortent qu'occasionnellement pour accompagner leurs parents quand ils vendent sur les marchés les produits du jardin, selon la même source.

La vache, ça fout les jetons ! Parce que, partout en France, tous les enfants savent parfaitement lire ! C'est bien connu, l'échec scolaire, au pays des droits de l'homme, ça n'existe pas.

Quant au manque de contact avec les enfants de l'extérieur, l'absence d'internet, du cinéma, de la télévision, les députés sont-ils allés visiter les écoles privées musulmanes et juives intégristes en plein Paris ? Ils auraient de quoi faire des bonds de cabri !

Mais le plus drôle (enfin, si l'on prend le parti d'en rire) concerne les questions «hors programme scolaire » que nos très branchés députés ont posé aux enfants. Et là, stupéfaction.
Ils ne connaissent ni Zidane, ni les Beatles, ni aucun chanteur actuel.

Ils ne connaissent pas Zidane ! Le crime de lèse-majesté française suprême. Ils ne savent pas taper dans un ballon ni donner un coup de tête ! La décadence est à nos portes, Msieu-Dames !

Je sens que je vais encore me faire des copains mais bon, je crois pouvoir dire qu'il y a des centaines de millions d'enfants dans le monde qui ne connaissent pas Zizou. Imaginez le drame. La faim, les guerres, les épidémies, c'est bien peu de choses comparé à cette situation dont les médias ne parlent pas assez. Vite, envoyez vos dons à l'association Zidane sans frontières. Grâce à cet argent, nous enverrons des cartons remplis de fanions du Real de Madrid, de posters et de photos dédicacées de l'idole déchue. Pour que les enfants du monde qui ont faim, froid et peur trouvent du réconfort dans la contemplation de notre icône franco-algér... euh franco-française.

Quant aux Beatles, je pense qu'on peut trouver environ 10 millions de gamins bien de chez nous qui ne les connaissent pas. Allo, les députés ?... Oui, les Beatles, ça n'existe plus depuis trente ans. Comment ? ... Ah non, les phonographes, on n'en trouve plus dans les magasins aujourd'hui. Vous dites ?... Non, les disques ça s'appelle des CD... Oui, c'est plus petit et ça brille...

Mais ce qui me désespère le plus, c'est que ces enfants ne connaissent « aucun chanteur actuel ». Les pauvres ! Imaginez plutôt : ils ignorent jusqu'au concept de Vincent Delerme, Benjamin Biolay, Mickey 3D et de la Star Ac' ! Et ils n'ont jamais entendu de rap de leur vie ! Ces enfants sont la lie de l'humanité.

Le D'Artagnan de la commission a assuré que celle-ci ferait des propositions pour que « les pouvoirs publics puissent libérer ces enfants de l'enfermement psychologique ». Ben oui, là, c'est urgent...

Et notre gascon de service d'ajouter que scolariser les enfants à domicile, c'est légal et que l'on n'a pas constaté de maltraitance physique sur les enfants, qui sont à peu près en bonne santé.

Bref : la communauté de Tabitha's place est dans la légalité mais elle est super-dangereuse.

Merci donc à nos chers députés, pour avoir fait passer ce message dont vont pouvoir se repaître les sectes : la commisson n'a pas de grain à moudre mais elle nous sort quand même sa farine anti-sectes.

Après Dumas, convoquons Rostand (eh ! c'est mon blog, je convoque qui je veux). Sur Tabitha's Place :
Ah ! non ! c'est un peu court, vieux hommes !
On pouvait dire... Nom de Dieu !... bien des choses en somme...

(et tant pis pour les douze pieds)

Tout d'abord, on nous dit que les enfants ne sont pas vaccinés, mais bon c'est pas grave parce qu'ils sont en bonne santé. Et pi surtout c'est pas grave parce que la non-vaccination, c'est illégal.

Hein ? Ah ben oui, c'est vrai dis donc ! On l'avait pas remarqué celle-là ! Ben non, les députés non plus d'ailleurs. Ils cherchent la bébête juridique mais celle-là, qui se voit autant que Gérard Miller dans un colloque de psychiatres, ils ne la relèvent même pas !

Mais surtout, le plus grave c'est que les députés se déclarent émus et secoués par leur visite. Autrement dit, ils ont découvert Tabitha's Place ! HéééééééééééééééééHoooooooooooo ! On se réveille ! La communauté Tabitha's Place de Sus-Navarrenx est connue depuis dix ans. Elle a défrayé la chronique judiciaire à plusieurs reprises.

En 2002, la Cour d'appel de Pau a condamné à 300 € d'amende et six mois de prison avec sursis 19 membres de la secte pour refus de scolarisation et de vaccination, notamment.

Par conséquent, si, au lieu de soigner leur image médiatique, les trois mousquetaires avaient activé leur relais dans l'appareil politique et judiciaire (le président de la commisson est un ancien juge d'instruction qui a traité l'affaire de la Scientologie à Lyon), ce n'est pas des VRP de la lutte anti-sectes en charentaises qu'on aurait envoyé à Sus, mais la police judiciaire. Une nouvelle condamnation pour défaut de vaccination, et on pourrait faire tomber le sursis.

Rappellons quand même qu'en 2001, la cour d'assises d'appel des Hautes-Pyrénées a condamné à 12 ans de réclusion criminelle un couple d'adeptes de la communauté pour avoir laissé mourir leur enfant âgé d'un an et demi, en acord avec les préceptes de la secte qui refuse la médecine des hommes. Deux responsables du groupe avaient également été mis en examen pour non-assistance à personne en danger.

Depuis ce drame survenu en 1997, le juge des enfants de Pau a ordonné à plusieurs reprises des mesures d'assistance éducative pour la cinquantaine d'enfants vivant dans la communauté. Et je passe sur les non-représentations d'enfant, et les gamins retenus au sein du groupe malgré des décisions judiciaires.

Bref, on le voit une organisation apostolique tout ce qu'il y a de plus sympathique !

Il y a peut-être autre chose à faire que d'envoyer une délégation de Men in Grey de l'Assemblée nationale et une cohorte de journalistes dans la gadoue, juste pour dire au peuple françois : dormez braves gens, les députés veillent.

On va me répondre : Ah oui, mais bon, si on doit passer par la justice pour régler le problèmes des sectes, on ne s'en sort plus. Par la voie politico-médiatique, ça se passe tellement mieux.

Quant à la loi du 12 juin 2001, cette panacée législative que les Belges nous envient (au point qu'ils se sont fait la même, c'est pour dire...), ben tiens, étrangement, personne n'en parle pour Tabitha's Place. Normal. Une fois de plus, elle est inapplicable ! Ah ben c'est ballot.

Ah oui. Un dernier mot à destination de la MIVILUDES : il va falloir ouvrir un nouveau dossier. Sur l'étiquette, vous écrivez : T-A-B-I-T-H-A-apostrophe-S - plus loin - P-L-A-C-E.
Ensuite vous mettez la dépêche AFP dedans et vous rangez le dossier sous l'étagère. Oui, celle-là, la poussièreuse.

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20 novembre 2006

Ségolène Royal ? Un vrai homme politique !

Je ne peux pas dire que la campagne présidentielle française pour 2007 m'intéresse particulièrement. Il est vrai que j'ai lâchement quitté la France il y a près d'un an. Certes, je peux encore voter depuis l'étranger. Mais déjà quand je résidais en France, je ne me reconnaissais pas dans le débat politique. Alors maintenant... Les isoloirs du Consulat risquent de m'attendre longtemps.

Et quand je me penche (irrégulièrement) sur la vie politique française, j'ai systématiquement la satisfaction d'avoir évité un choix cornellien en mai prochain : la peste ou le choléra ?

Étant encore tenu dans une certaine mesure tenu par une obligation de réserve, je ne dirais rien sur Sarko, me contentant de renvoyer le lecteur au sketch de Guy Bedos, expliquant ce qu'il répond à ceux qui lui reprochent de ne pas assez s'en prendre à Le Pen.

Quant à Ségo... On aurait voulu y croire ! Une femme socialiste Présidente de la République. Non pas que l'expérience d'Édith Cresson comme Premier Ministre nous avait mis l'eau à la bouche. Les Anglais ne sont pas encore remis (les Français non plus...). Mais bon, c'est clair que ça nous aurait changé des éléphants (mâles) du PS qui ont la fâcheuse tendance de plomber le discours politique de gauche.

Et puis, quand on commence à se renseigner, on s'aperçoit que la femme, quand elle devient politique, sait être détestable. Certes, pas autant que son homologue masculin. Mais suffisamment pour tuer dans l'oeuf les espoirs de changement qu'elle avait pu susciter.

Déjà Pierre Bourdieu nous expliquait comment Ségo à l'ENA avait choisi entre la gauche et la droite à des fins purement carriéristes (dernier quart de la vidéo ci-dessous) :



Et récemment, j'ai pris connaissance de la polémique sur Ségolène et les profs aux 35 heures. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a baissé la garde et que son look de Jeanne d'Arc populiste en a pris un coup.

Petit rappel des faits. En janvier 2006, à Angers, lors d'une réunion du PS local, Ségolène avait abordé la question des 35 h chez les enseignants des collèges et lycées. Or, cette réunion avait été filmée à son insu par une caméra numérique. Le film a ensuite été balancé sur Internet et, très rapidement, une campagne a été montée contre Mme Royal, l'accusant d'avoir dit que les profs devaient faire leurs 35 heures dans l'enceinte des établissements scolaires et qu'ils devraient donner des cours de soutien scolaire individualisé à leurs élèves en difficulté sans rémunération supplémentaire puisque cela tombe dans le cadre de leurs 35 h de travail hebdomadaires.

À en croire les syndicats d'enseignants, Ségo aurait agité indûment un chiffon rouge sous le nez des profs. L'affaire a pris de telles proportions que Mme Royal a été amenée à s'exprimer publiquement à plusieurs reprises sur ce point. À ces occasions, elle a affirmé qu'elle n'avait jamais dit de pareilles sornettes et que tout cela n'état qu'un coup tordu monté par ses rivaux au PS.

Manque de bol, avec le Web 2.0, on peut vérifier bon nombre de ces allégations. Et soudain, notre blanche chevalière se transforme en grisâtre politicienne.

Ainsi, à Angers, elle déclarait sur la vidéo pirate :
je pense qu'une des révolutions c'est de faire les 35 h au collège, c'est à dire que les enseignants restent 35 h au collège. Et dans ce paquet global, il y a des cours, mais ils ne quittent pas le collège quand ils ont fini leurs cours. (...) Ceux qui font cours dans ces entreprises [privées de soutien scolaire], c'est les profs du secteur public ! Comment se fait-il que des enseignants du secteur public aient le temps d'aller faire du soutien individualisé payant et ils n'ont pas le temps de faire du souten individualisé gratuit dans les établissements scolaires ?



Ségolène nous dit donc clairement que les cours de soutien individualisé dans les collèges doivent se faire sur les 35 heures payées des enseignants.

Sur le fond, Ségo n'a certes pas tort. Mais elle met dans le même sac tous les professeurs. Si certains donnent des cours dans des instituts privés sur leurs 35 h, alors il faudrait faire faire du soutien scolaire à tous les enseignants, et pas seulement à ceux qui donnent des cours de soutien privés !

En face, évidemment, ça a beuglé dur. Les profs nous ont bassiné avec leurs habituels arguments : « Les 35 heures, on les fait largement ». Mais tout un chacun peut en douter. Avec 17 heures de cours par semaine, ça laisse 18 heures pour corriger les copies et préparer les cours. Ouais, mais les cours de collège et de lycée, quand on les a préparés une fois, il n'y a quand même pas grand chose à faire pour les mettre à jour chaque année. Le théorème de Thalès, il n'a pas bougé depuis des siècles. Quant à la signification profonde des sonnets de Joachim du Bellay, l'exégèse littéraire ne fait pas rage tous les ans...

Il nous reste donc au moins 12 heures par semaine pour corriger des copies Ça fait quand même beaucoup. Et je ne parle pas des copies supplémentaires d'examens, pour lesquels les correcteurs sont payés en plus.

Ségo veut donc obliger les profs à rester au collège pour faire du soutien scolaire sur leurs heures de travail. Ce qui me paraît sensé.

Mais ce qui me choque franchement dans le discours de Ségo, c'est lorsqu'elle ajoute que cette mesure s'adresserait aux
nouvelles générations d'enseignants si les autres nous disent "ben non, droits acquis, on fait nos 17 heures de cours et puis on s'en va".

Autrement dit, pour réformer le système, on ne s'attaque pas aux vieux profs syndiqués indéboulonnables qui se verrouillent derrière les droits acquis. Non, on va taper sur les nouveaux enseignants, c'est à dire les jeunes, ceux qui viennent d'arriver, qui sont encore plein d'illusions et qui ne comptent pas leurs heures. Bref, ce sont ceux qui profitent le moins du système qui vont écoper. En d'autres termes, Ségo invente la machine à aigrir les jeunes profs. Pas con ! En pleine pénurie d'enseignants !

Bon, elle a dit ce qu'elle a dit. Certains propos étaient sensés. D'autres nettement moins. Ça arrive. Que le politique qui n'a jamais dit de conneries lui jette la première pierre.

Là où le bât blesse et où le politique perce sous la femme, c'est que, au lieu de défendre ses idées face à la vindicte enseignante, elle va joliment se déballonner. Mais elle ne va même pas dire : Je me suis trompée, j'ai fait des amalgames, je ne sais pas ce qui m'a pris, la fatigue peut-être,... Non, elle va tout simplement nous la jouer à la George Orwell dans 1984 : je n'ai jamais dit ça, ce sont mes rivaux socialistes qui propagent ces rumeurs infondées, patati patata :



Elle prétend qu'elle n'a jamais dit que le soutien individualisé dans les établissements publics ne serait pas rémunéré :
il y a sur Internet des déformations des propos que j'ai tenus, un procès d'intention insupportable.

Moi je veux bien, mais où est la déformation ? Est-ce qu'on a manipulé l'image et le son de la fameuse vidéo ? Avons-nous été victimes d'une hallucination collective ? Mais Ségolène ne s'arrête pas en si bon chemin :
Ce que j'ai dit c'est qu'il fallait que [le soutien individualisé] soit gratuit pour les familles et que ceux qui donnent les cours soient rémunérés. Car moi qui attache beaucoup d'importance à la revalorisation du travail, c'est quand même un comble que de me prêter l'intention de faire travailler les uns et les autres sans les rémunérer.

Mais comme cette rhétorique ne tient pas une seconde devant une simple lecture de la vidéo, elle change son fusil d'épaule et, à chacune de ses apparitions télévisées, elle va nous assomer avec le même pontifiant discours politicien : On a sorti mes propos de leur contexte. Croyant apparemment que celle-là, on nous l'a jamais faite...


10 novembre 2006 - France 3

Malheureusement, cette rhétorique-là ne tient pas non plus si l'on regarde attentivement la vidéo pirate. Ce jour-là, à Angers, Ségolène a bien conscience que ce qu'elle va révéler, c'est de la dynamite. Elle déclare clairement :
Il va falloir être assez révolutionnaire dans les propositions que l'on va faire. Moi, j'ai fait une proposition. Par ailleurs, je ne vais pas encore la crier sur les toits parce que je ne veux pas me prendre des coups des organisations syndicales enseignantes.

Elle évoque en outre un «pacte» avec les syndicats enseignants pour que sa réforme soit immédiatement applicable si elle devait être élue Présidente. Autrement dit, appeler les syndicats à ne pas monter au créneau sur la réforme qu'elle va évoquer : les 35 h au collège.

Alors, Ségolène peut bien nous dire qu'on a sorti les choses de son contexte, mais les mots me semblent pourtant particulièrement clairs.

Vous appelez ça comment ? Moi j'appelle ça un gros mensonge. Et une femme en politique qui dit des mensonges, on appelle ça une femme politique. On nous dit : les hommes politiques, c'est tous des pourris, des menteurs. Il faut plus des femmes en politique et ça irait mieux dans ce pays de cocagne !

Ben y a qu'à voir de quoi est capable une candidate socialiste qui va se retrouver au second tour de la présidentielle, alors qu'elle n'a pas encore été investie officiellement par son parti. J'ose à peine imaginer à quelles compromissions elle se prêterait une fois au pouvoir !

Alors, quant à dégraisser le mammouth... Bon courage. Terminons donc plutôt sur une note de gaieté, avec le vieux sketch des Inconnus n'a jamais été autant d'actualité (c'est le propre des classiques). Toujours aussi hilarant car toujours aussi vrai :

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16 novembre 2006

"Secte" sur ordonnance - Une préface bien regrettable de Janine Tavernier

C'est avec un certain désarroi que j'ai pris connaissance de l'entrevue que Mme Janine Tavernier a accordée au quotidien Le Monde (dans son édition du 16/11/2006). Cette dame a oeuvré durant 17 ans ans au sein l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (UNADFI), principale association d'information sur le phénomène sectaire en France, qu'elle présida d'ailleurs durant 8 ans.

Mme Tavernier a été mon premier contact institutionnel avec la problématique sectaire lorsque, il y a 13 ans, étudiant en droit en province, j'étais monté à Paris pour la rencontrer dans le cadre de mon mémoire de deuxième cycle universitaire.

Le travail de son association m'apparaissait d'autant plus colossal que les ressources humaines et financières s'avéraient très limitées.

La guerre intestine qui a secoué l'UNADFI en 2001 - pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas - a surtout profité aux sectes, qui ont bondi sur l'occasion pour dénoncer les soi-disant ayatollahs de la lutte anti-religieuse en France.

Malgré certaines de ses maladresses, j'ai toujours tenu Mme Tavernier en haute estime. Aussi, en découvrant cet article dans Le Monde, mon sang n'a fait qu'un tour.

Une partie du discours de Mme Tavernier est tout à fait louable. L'ex présidente de l'UNADFI rappelle une notion essentielle que la très gouvernementale MIVILUDES n'a toujours pas intégrée : l'étude du phénomène sectaire doit se faire à partir des actes et non des dogmes !

Mais quand Mme Tavernier déclare que l'association s'est politisée avec l'entrée de francs-maçons à l'UNADFI, je grince des dents : comment peut-elle prétendre avoir été victime d'une chasse aux sorcières et, dans le même temps, en accuser des francs-maçons ? Ne fait-elle pas alors elle-même de l'ostracisme à l'encontre d'une organisation spirituelle, en raison de son dogme ?

Par ailleurs, comment Mme Tavernier peut-elle prôner à la fois l'étude des seuls faits sectaires et, parallèlement, promouvoir la distinction entre les vraies sectes et les communautés charismatiques ? Comme si ces groupes catholiques étaient exempts de tout soupçon sectaire de par leur seule obédience catholique. Et on sait pourtant que ce n'est pas le cas, loin s'en faut.

A l'opposé, Mme Tavernier s'en prend aux Témoins de Jéhovah. Pour justifier leur nécessaire mise à l'index, l'ancienne présidente de l'UNADFI cite le cas des enfants jéhovistes qui ne peuvent pas fabriquer à l'école des cadeaux pour la fête des mères ! Mazette ! Quelle secte dangereuse !

Puis, pour faire bonne mesure, Mme Tavernier reconnaît que ses enfants ont fréquenté des écoles Steiner, affiliées à l'Anthroposophie et qu'elle se soigne par homéopathie. À chacun son dogme...

Mais le plus troublant et peut-être le plus caractéristique de ce dérapage de Janine Tavernier réside dans le fait qu'elle a préfacé le récent livre "Secte" sur ordonnance, qui critique la politique anti-sectes en France. L'ouvrage est l'oeuvre de Serge Toussaint, grand maître de l'AMORC (Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix). Disponible en intégralité sur internet au format pdf, ce livre est consacré à nous démontrer par a+b que c'est par erreur que l'AMORC a été classée comme secte dans le rapport parlementaire Les sectes et l'argent (1999).

Pour qui connaît la machine propagandiste et marketing de l'Eglise de Scientologie, le livre de Serge Toussaint provoque des impressions de déjà-vu.

L'AMORC est une organisation ésotérique particulièrement hermétique. On trouvera ici un article fort éclairant sur son fonctionnement. Article qui déplut au service juridique de l'ordre mystique (???), lequel menaça son hébergeur internet de poursuites en diffamation (mais ne passa pas à l'acte !)

On rappelera quand même que l'AMORC a vu passer sur ses bancs des gourous peu recommandables, au premier rang desquels Jo di Mambro, fondateur de l'OTS. L'AMORC avait d'ailleurs été mis en cause à diverses reprises lors de l'instruction sur le massacre du Vercors de 1995.

Certes, officiellement, on ne peut rien reprocher à cette organisation. Il ne s'agit pas de la condamner au vu de son ridicule dogme qui fait des rosicruciens les détenteurs des secrets mystiques et scientifiques de l'Egypte ancienne. Arrêtez de rigoler dans le fond !

Que Mme Tavernier s'exprime dans la préface d'un livre qui critique la lutte anti-sectes en France, je la comprends, il y a beaucoup à en dire, et souvent pas en bien.

Mais se répandre ainsi dans un bouquin publié par une telle organisation dite spirituelle, cela manque de la plus élémentaire objectivité ! Mme Tavernier ne dispose-t-elle donc plus d'autres tribunes médiatiques ? C'est bien triste...

Ou alors...

Il faut remarquer que l'Anthroposophie, dont Mme Tavernier reconnaît être proche, est également une organisation classée comme secte dans le rapport parlementaire de 1999. Cette estampille avait fait jaser à l'époque dans les milieux new-age. Il faut dire que c'est au dogme de l'organisation de Rudolf Steiner que viennent s'abreuver bon nombre de groupes branchés "Ère du Verseau".

En prenant la défense de l'AMORC, en affirmant que son classement dans le rapport de 1999 est fallacieux, Mme Tavernier entend-elle faire bénéficier l'Anthroposophie du même plaidoyer ?

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14 novembre 2006

"Da Vinci Code" : Le Grand N'Importe Quoi décrypté

L'écrivain Dan Brown n'en finit pas de nous assurer que ses livres sont basés sur de très solides recherches documentaires et de terrain. Son livre Da Vinci Code commence par un avertissement intitulé "Les faits" dans lequel il nous assène :

Toutes les descriptions de monuments, d'œuvres d'art, de documents et de rituels secrets évoqués sont avérés.

Voyons donc ce qu'il en est.

Mon intention n'est pas ici de faire un relevé exhaustif des invraisemblances du livre de Dan Brown (il me faudrait disposer d'un Téraoctet sur le serveur de Blogger !), mais de mentionner certains éléments particulièrement ridicules voire outrageusement mensongers dont se fait l'écho sa fidèle adaptation cinématographique par Ron Howard.

Il est évident que cet article est bourré de spoilers. Par conséquent, si vous ne connaissez ni le livre ni le film et voulez vous délecter prochainement de ces deux navets, ne lisez pas ce qui suit… Encore que cela vous ferait économiser du temps et de l'argent…

* Dans la grande galerie du Louvre, Silas tire sur Saunière et s'en va sans l'achever, alors qu'il voit très clairement que sa victime n'est pas morte. Il veut sans doute laisser le temps à Saunière de mettre en scène sa mort pour désigner son assassin en langage codé !

* Pour ce faire, Saunière écrit ses énigmes et ses anagrammes en anglais. Ben oui. On est dans un film américain ! La scène se passe à Paris, Saunière est français, il s'adresse à sa petite-fille, une Française aussi, via des messages et anagrammes en anglais !
- PS (Princess Sophie) : Find Robert Langdon
- So dark the con of man devient Madonna of the rocks

Je trouve ce travers des films américains proprement insupportable. Si vous voulez vraiment vous marrer (ou vous énerver), voyez les deux énormes bévues de ce genre dans Alexandre de Oliver Stone :

- Aristote enseigne au jeune Alexandre sur une carte en mosaïque représentant le monde méditerranéen, avec des toponymes écrits en… anglais !

- Dans la bibliothèque d'Alexandrie, les toponymes du planisphère sur le mur sont en latin. Ah c'est mieux… Sauf que, à cette époque, en Égypte, les lettrés s'exprimaient en grec…

* Le Pr Langdon (Tom Hanks), en pleine séance de dédicaces, est accosté par l'inspecteur Collet. Le film est censé se dérouler de nos jours. Or, les inspecteurs de police n'existent plus depuis 11 ans. Ils ont été remplacés en 1995 par le corps des officiers de police (lieutenants, capitaines, commandants). Et le Da Vinci Code est paru en librairie en 2003…

Collet est de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Il la présente à Langdon comme une sorte de FBI à la française. Sauf que le FBI n'aurait aucune raison d'être saisi à l'origine d'un meurtre tel que celui de Saunière (sauf à imaginer Fox Mulder s'autosaisissant d'un X-File). De la même façon, la DCPJ n'aurait aucune raison d'être saisie en premier lieu de cette affaire. La DCPJ n'a aucune vocation à enquêter sur un meurtre comme celui de Saunière.

En fait, si la DCPJ est sur le coup, c'est parce que l'un des ses commissaires s'est saisi du dossier à la demande d'un ponte de l'Opus Dei. Or, c'est impossible. La DCPJ est chargée d'affaires judiciaires en lien avec des réseaux criminels ou dans le cadre d'une criminalité spécialisée. Un meurtre tel que celui de Saunière (même avec de pareilles allures rituelles) serait confié à un service de police criminelle de la Préfecture de Police, au mieux à la Brigade criminelle (au 36 Quai des Orfèvres).

* Le commissaire chargé de l'enquête (interprété par Jean Réno) s'appelle Bézu Fache. Non mais keskecé que ce nom ?! Bien sûr, dans un film, les noms de personnages doivent avoir une signification profonde. Bien sûr, Bézu a une signification dans le mystère des Templiers (c'est le nom d'un village à proximité de Rennes-le-Château). Mais tout cela ne doit pas se faire au détriment du réalisme. Vous en connaissez, vous, des personnes prénommées Bézu ? Moi non plus.

* Collet montre à Langdon une photo bien sanglante de la scène du crime devant 50 personnes. La DCPJ est quand même un service de haut niveau. Faire ce genre de gaffe ne pourrait être que l'œuvre que d'un policier débutant, ce que n'est pas, à l'évidence, le quinquagénaire Collet.

* Collet dépose Langdon en voiture devant la pyramide du Louvre et détale aussitôt. Il laisse Langdon complètement seul, le temps que le commissaire Fache sorte du Louvre et vienne à sa rencontre. C'est tout bonnement ridicule : Fache le croit coupable. S'il fait venir Langdon et si Langdon est vraiment coupable, l'Américain va choisir la première occasion pour se carapater et échapper ainsi à la police. Bref, le commissaire de la DCPJ n'est pas bien malin !

* La montée en ascenseur jusqu'à la grande galerie du Louvre est l'occasion d'introduire la claustrophobie de Langdon. Sauf que ce trait du personnage ne sert absolument à rien sur le plan dramatique. Cela ne vise qu'à lui donner une impression de profondeur psychologique, mais cela est sans la moindre incidence sur la suite du récit. Scénaristiquement parlant, c'est nul.

* Fache se balade avec un symbole de l'Opus Dei épinglé au revers de sa veste. Il croit Langdon coupable mais il met son épinglette sous le nez du professeur spécialiste des symboles religieux qui aurait vite fait de comprendre que Fache l'a dans le collimateur ! Décidément, il n'est pas bien malin ce Bézu Fache… Mais Langdon n'est pas fin non plus pour un spécialiste, car il lui faudra 1 h 30 de film pour faire le rapprochement !

* En sortant de l'ascenseur, Langdon fait son malin : « La Grande galerie, c'est ici que vous avez découvert le corps.» Mais Bézu Fache, qui est décidément très fier de son QI de 70 lui rétorque : « Comment vous le savez ?» Genre : comment tu peux le savoir, si tu n'es pas l'assassin ? Ah ah ! Je vais te coincer mon petit gars.
Tu parles, pourquoi il l'amène dans la grande galerie du Louvre à cette heure ? Pour lui conter fleurette ? Ben non, va. Pour lui montrer le corps…

* Arrive l'« Agent» Neveu (Audrey Tautou), du Service cryptologie de la DCPJ.
1) le terme agent est ici utilisé à l'américaine, pour désigner un policier membre d'une agence fédérale. Mais l'utilisation de ce terme pour désigner un policier de la DCPJ est totalement inadéquat.
2) Il n'y a pas plus de service cryptologie à la DCPJ que de beurre en broche.

* Collet a glissé une puce de traçage GPS dans la poche de Langdon. Ben tiens ! Et l'autre, il ne va pas s'en apercevoir. Dans une scène précédente, on voit bien Collet prendre la veste du professeur. Il a donc tout le temps pour planquer la puce dans un endroit largement plus discret de ladite veste. Qu'ils sont bêtes, ces policiers français ! Et puis surtout, ils n'hésitent pas à utiliser des moyens illégaux : placer une telle puce sur un suspect que l'on a même pas encore entendu, tu penses, les flics français, ils font ça tous les jours…

* La puce GPS se déplace soudain en dehors du Louvre. Et hop ! aussitôt 8 ou 9 voitures de police se lancent à la poursuite de la voiture fantôme de Langdon à travers Paris. Et bien sûr, tout le monde quitte le Louvre ! Pas un flic pour aller vérifier les toilettes. Et pas un flic pour surveiller la scène de crime !!! Le seul policer qui reste sur les lieux, il fait sa ronde façon gardien de musée.

* Langdon et Neveu se retrouvent au Bois de Boulogne, à 100 m de l'arc de Triomphe. L'extrême bout du Bois de Boulogne commence en fait à plus d'1,5 km de là. Mais bon, encore un détail...

* André Vernet, le directeur de la banque, veut reprendre la boîte du cryptex à Langdon et Neveu. Mais pourquoi les embarque-t-il dans le camion ? Et pourquoi prend-il le risque de se frotter aux policiers qui veulent fouiller le fourgon ? Tout ça pour les braquer ensuite 30 km plus loin. Ce serait nettement plus simple de les braquer dans sa banque et de les livrer ensuite à la police qui est aux portes de l'établissement.

* Langdon et Neveu arrivent finalement au Château de Villette (dans les Yvelines), chez Sir Leigh Teabing. Ils seront bientôt rejoints par les policiers de la DCPJ et par le moine Silas.

Fach est au siège de la DCPJ. Donc à Nanterre, à dix kilomètres à l'est de Paris, sur la route de Villette, à 49 km de là par autoroute. Silas, lui, est prévenu bien après. Quand il reçoit l'appel téléphonique qui lui demande de se rendre à Villette, il est à côté de Notre-Dame, en plein cœur de la capitale ! Il doit parcourir 59 km, donc 10 de plus que Fach, mais en plus, ce sont 10 km pour sortir de Paris. Il ne dispose pas de gyrophare, il a plusieurs minutes de retard sur Fache, il doit en plus se taper la traversée de Paris en voiture. Mais Silas arrive au château de Villette environ une demie-heure avant Fache ! Les policiers français sont donc stupides mais en plus, ils ne connaissent pas la géographie francilienne et conduisent très lentement en situation d'urgence.

* Collet est au château de Villette avec son équipe. On est en pleine nuit, mais l'inspecteur se demande pourquoi Fache leur interdit de faire irruption dans le manoir de Teabing. Décidément, non seulement les policiers français sont cons, mais en plus ils ne connaissent rien au Code de procédure pénale. Rappelons quand même que, hors certains cas extrêmes, la police ne peut pas pénétrer dans un domicile entre 21 h et 6 h du matin. Et ce n'est que bien après que Collet se décide à entrer dans le château, lorsqu'y retentit un coup de feu.

* Langdon, Neveu et Teabing font prisonnier Silas. Au lieu de le laisser en plan, enfermé dans la cave, ils embarquent le moine avec eux dans leurs périginations. C'est tellement plus simple de traîner un ennemi avec soi. Mais Langdon justifie la démarche d'un péremptoire « nous pourrions avoir besoin de lui !» Ah bon ? Pourquoi, comment ? Ah, on ne sait pas. Mais il faut emmener Silas en voiture, puis en avion jusqu'en Angleterre, alors qu'ils sont poursuivis par la police ! Et le moine reste toujours à une distance suffisante pour tout entendre des plans échafaudés par ses oposants. Ça peut lui servir, au cas où il parvienne à s'échapper !

* Nos amis s'enfuient du château de Villette à bord d'un 4x4 qui sort de la propriété avec une facilité déconcertante : le Manoir n'a évidemment pas été cerné par la police, ces crétins de flics se contentant de bloquer la seule entrée principale.

* Dans l'avion, Sophie Neveu rive son clou à Silas : « votre Dieu n'absout pas les meurtriers, il les brûle» Et l'autre, il encaisse, comme un petit garçon tout contrit ! Putain, c'est vrai, j'y avais jamais pensé, dis donc ! C'est pas bien de tuer les gens… Bien sûr, il est con, Silas. Il se mortifie, il se flagelle, mais c'est pour le fun, c'est pas pour expier ses crimes…

* Collet se méfie de Fache et lui cache la nouvelle destination de Langdon et Neveu. Mais Fache avoue à Collet que son évêque a confessé le meurtrier de Saunière et a rompu le secret de la confession pour dénoncer Langdon. C'est super-crédible !!! Et Collet, il entend ça, et aussitôt, il le croit ! Et il lui donne l'information qu'il lui cachait deux minutes plus tôt.

Mais le meilleur reste à venir :

* Le Saint-Graal est caché sous la pyramide inversée du Louvre.

Premièrement, si c'était le cas, cela signifierait que l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei est dans le secret de Rennes-le-Château. Ou alors, comme le laisse entendre le roman, que l'ancien président François Mitterrand, instigateur de la pyramide, était féru d'ésotérisme. Mais c'est faux, tous les biographes sérieux de feu Mitterrand sont d'accord sur ce point. Dan Brown nous assène tout de même que la passion de Mitterrand pour l'occultisme est patente puisqu'il aurait demandé que la pyramide compte 666 carreaux. Mais bien sûr ! Eh Dan ! Tu les as comptés, les carreaux ? Il y en a 673 ! Bravo la précision…

Mais là où Dan Brown et Ron Howard se foutent clairement de nous, c'est lorsqu'ils nous parlent et nous montrent le Méridien de Paris passant au milieu de l'Église Saint-Sulpice. Puis, à la fin du film, on voit Langdon suivre la piste de mystérieux médailons de bronze Arago jusqu'au Louvre. En 1994, en effet, un sculpteur néerlandais a placé dans Paris 135 médaillons de bronze sur le tracé du méridien de Paris. Ils portent la mention Arago en hommage à François Arago, astronome français qui fut chargé en 1806 d'achever la prolongation de la "méridienne" de France jusqu'aux îles Baléares et qui finit sa carrière comme directeur de l'observatoire de Paris.

Malheureusement pour Dan Brown, il existe aujourd'hui un machin qui s'appelle Internet et qui permet de vérifier bon nombre de choses. Utilisons donc une de ses redoutables créations que tout le monde connaît mais que bien peu utilisent à bon escient (à commencer par les fanatiques de Dan Brown) : avec GoogleEarth, suivons donc le Méridien de Paris à partir de son origine : la salle méridienne de l'observatoire de Paris.

Pour une visite des lieux en 3D sous Google Earth, cliquez ici. Une fois l'application lancée, commencez la visite en cliquant sur le bouton lecture, au bas de la fenêtre Places.

Puis remontons vers le nord. Et ô surprise, le méridien de Paris (ligne jaune) ne passe pas au-dessus de St-Sulpice, mais à plus de 120 mètres à l'est de la fameuse Rose Ligne (en rouge) de Dan Brown !

Eh oui ! la Rose Ligne que l'on voit dans l'église Saint Sulpice n'est pas le Méridien de Paris. C'est le tracé au pied du gnomon astronomique de l'église. Un gnomon est un cadran solaire primitif, constitué d'une simple tige ou d'une colonne verticale. Et le gnomon astronomique dans l’église Saint-Sulpice fut commandé pour déterminer la date exacte de Pâques et des équinoxes hivernaux et estivaux.

Dan Brown a confondu la méridienne du gnomon avec la "méridienne" de France, ligne imaginaire qui coupe la France en deux, autrement dit le méridien de Paris!!!

Ce qui n'empêche pas le film d'en rajouter une louche dans la tromperie : lorsque Silas se rend à St-Sulpice, il s'agenouille sur la Rose Ligne devant un médaillon de bronze. La religieuse qui accueille le moine albinos nous dit très clairement qu'il s'agit d'un des 135 disques de bronze indiquant le méridien de Paris. A l'image, on voit clairement qu'il s'agit d'un médaillon Arago (revoyez le film, à environ 31 minutes 04 secondes).


Comment est-ce possible puisque le méridien ne passe pas là ? Simple, il a été ajouté pour les besoins du film !

On peut rétorquer : « Certes, ils ont un peu triché. Ils ont a ajouté ce médailon pour le tournage, mais c'est pour visualiser certaines notions, pour les faire mieux comprendre au spectateur. Mais la symbolique de la Rose Ligne demeure tout de même exacte ». Ah oui ? Eh bien continuons donc notre remontée du méridien de Paris vers le nord, jusqu'au Louvre.

La dernière scène du film nous montre Langdon suivre les médaillons Arago et tomber pile-poil sur la pyramide inversée du Louvre, laquelle porte un beau médaillon de bronze, en plein à la verticale de son sommet.



Pourtant, le méridien de Paris (en jaune) ne passe pas au centre de la pyramide inversée (cercle bleu) mais derrière l'autre pyramide, à 190 m de là !


Alors vous allez me dire : « soit, mais oublions le vrai Méridien de Paris et poursuivons plutôt la Rose ligne de Saint-Sulpice jusqu'au Louvre, et là on va tomber sur le centre de la pyramide inversée ». Faisons donc ça. Et là, qu'est-ce qui se passe ? La Rose ligne du gnomon de St-Sulpice (en rouge) passe à 80 mètres à l'est du centre de la pyramide inversée (cercle bleu) !

Malgré cette erreur manifeste de Dan Brown, le film nous ment encore allègrement ! S'il y a un médaillon qui indique le méridien de Paris dans la cour du Louvre, c'est un médaillon Arago et il se trouve à presque 200 mètres du sommet de la pyramide inversée. Autrement dit, le médaillon en bronze devant lequel s'agenouille Langdon est là aussi un faux, ajouté pour les besoins du film !

La question est de savoir si la Mairie de Paris a laissé ce médaillon en place pour participer à cette honteuse mais lucrative opération touristique que sont les Da Vinci Tours. N'habitant plus sur Paris, je ne suis pas en mesure de le vérifier moi-même. Mais si vous, cher lecteur, passez par là, je vous serais reconnaissant de me tenir au courant.

Eh oui M'sieu-Dames, vous vous êtes faits roulés dans la farine par Da Vinci Code-le livre, mauvais plagiat de L'Énigme sacrée de Baigent, Leigh et Lincoln. Et comme si ça ne suffisait, Da Vinci Code-le film vous a manipulés dans les grandes largeurs.

Moralité :
Dan Brown est un charlot et Ron Howard est son prophète.

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